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5o6 NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE.

éditions quelques passages-qui présentoient sa mère sous un jour peu favorable; jamais elle n’avoit eu l’intention de publier les lettres de son aïeule; elle disoit souvent que dans sa famille, on vouloit avoir de l’esprit impunément,- et une partie de ces lettres étoit imprimée sans aucun de ces ménagements que l’on doit aux contemporains; aussi s’empressa-t-elle de désavouer ces éditions, comme on le voit par ce passage du Mercure de France du mois de mai 1726, p. 972 « Les personnes considérables qui tiennent à l’illustre Mme de Sévigné par la parenté ou l’alliance ont souffert impatiemment que l’on ait pu penser qu’elles eussent la moindre part à cette édition. »

Ce désaveu justifloit la famille de Mme de Sévigné, mais il laissoit subsister le mal. Il paroît que M. le chevalier de Perrin, qui étoit l’ami de Mme de Simiane, lui conseilla d’autoriser la publication d’une édition plus complète des lettres de sa grand’mère, et de déclarer fausses et subreptices celles qui avoient été imprimées à son insu. Par là elle faisoit oublier ces éditions imparfaites, elle satisfaisoit les familles offensées, et la gloire littéraire de son aïeule recevoit de ses mains un hommage digne d’elle. M. de Perrin se chargea du travail; il collationna les copies sur les lettres originales, il rétablit les dates qui manquoient presque partout, et il publia, en 1734, son édition composée de quatre volumes in-1 2, auxquels ilajouta deux volumes en 1787.

Ce qui vient d’être exposé résulte même de l’aveu de M. de Perrin. Il déplore, dans sa Préface, le mauvais usage qu’on a fait d’un manuscrit qui contenoit des lettres de Mme de Sévigné, et il ajoute « Quel autre moyen d’y remédier, que d’en donner un nouveau recueil, où les égards dus à 3Ime de Sévigné et au public seroient mieux observés1! »

Beaucoup de passages qu’on lisoit dans les éditions de 1726 ont disparu de celle de 1734. Plusieurs lettres ont même été entièrement omises, quoique leur liaison avec celles qui les précèdent et qui les suivent rendît leur conservation utile a l’ensemble de la correspondance. Il est nécessaire de faire connoître ici quelques-uns de ces fragments.

On lisoit ce passage dans la lettre du 20 septembre 1671, édition de 1726 1

a Je suis très-contente de votre amitié ne croyez pas au moins que je sois trop délicate et trop difficile ma tendresse me pourroit rendre telle, mais je ne l’ai jamais écoutée; et quand elle-n’est 1. M. Monmerqué modifia légèrement ici le texte de Perrin. Voyez ci-dessus, p. 478 et 479, et la note 3 de la page 478.