Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/96

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ip NOTICE

aux altérations que subit la correspondance de Mme de Sévigné dans l’édition publiée par le chevalier de Perrin. Les égards dus à quelques personnes, dont les parents se trouvaient mentionnés dans les lettres d’une manière peu flatteuse, commandèrent aussi un petit nombre de retranchements. Mais la mesure fut dépassée. Un document inédit, que nous fournissent |es papiers du marquis de Caumont, prouve que c’est surtout aux exigences de Mme de Simiane que nous devons imputer, pour les changements qui affectent, non pas la forme, mais le fond, ce malencontreux remaniement que la critique moderne condamne avec raison,

D'Anfossy écrit de Paris, le 16 février 17^37, au marquis de CaumQnt : « L’édition des lettres de Mme de Sévigné s’avance [1] ; mais l’éditeur, notre ami, se voit sur les bras un fâcheux procès à démêler avec Mme de Simiane. II est venu à cette dame de nouveaux scrupules, et plus difficile à lever. Elle est alarmée des histoires galantes que sa grand’mère se plaît quelquefois à raconter, et des réflexions, qu’elle se permet, qui ne s’accordent pas toujours avec cette haute dévotion dont elle faisoit quelquefois parade. Le contraste est en effet plaisant ; mais les regrets de Mme de Simiane viennent un peu tard : il auroit fallu les prévenir lors de l’édition des premiers volumes. Quoi qu’il en soit, elle écrit là-dessus de la manière du monde la plus, pathétîqqe, la tristesse dans le coeur, le reproche au bout de la plume ; elle est la plus malheureuse du monde, tous ses soins sont trahis, tout conspire à l'humilier, etc. C’est pourtant elle-même qui a remis les papiers, qui a consenti à leur publication. Aujourd’hui elle auroit voulu qu’on lui eût communiqué la copie. Jugez s’il est bien aisé de faire passer et repasser des cahiers ; dans l’humeur où elle est, elle les auroit

  1. 1. Il s’agit des deux derniers volumes (V et VI) de la première édition du chevalier de Perrin. Ils ne furent publiés qu’en 1737; les quatre premiers avaient paru en 1734. Le même d’Ànfossy annonce ainsi ces deux volumes complémentaires au marquis de Caumont, dans une lettre du 2 janvier 1737 « II va paraître deux nouveaux volumes de lettres de Mme de Sévigné on en a retranché tout ce qui pouvait blesser quelqu’un, et l’éditeur, à qui les originaux ont été confié s’est engagé à les brûler, l’édition faite. »