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ponse, et je le prie de m’aimer toujours. Pour votre fille, je l’aime ; vous savez pourquoi, et pour qui.


147. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, ce vendredi 20e mars.

Monsieur le coadjuteur de Reims[1] me dit l’autre jour, chez Mme de Coulanges, qu’il vous avoit écrit deux fois[2], et qu’il n’avoit point eu de réponse. Mettez la main sur la conscience, ma bonne, et payez vos dettes. Il s’en est allé à Reims, et Mme de Coulanges lui disoit : « Quelle folie d’aller à Reims ! et qu’allez-vous faire là ? Vous vous y ennuierez comme un chien ; demeurez ici, nous nous promènerons. » Ce discours à un archevêque nous fit rire, et elle aussi ; nous ne le trouvâmes nullement canonique, et nous comprîmes pourtant que si plusieurs dames le faisoient à des prélats, elles ne perdroient peut-être pas leurs paroles.

M. de la Rochefoucauld m’a demandé plus de dix fois si vous n’aviez pas reçu ses dragées[3]. Le comte d’Estrées[4]

  1. 1. Lettre 147. — 1. Charles-Maurice le Tellier, depuis archevêque de Reims. Voyez la note 1 de la lettre 74.
  2. 2. Dans les deux éditions de Perrin, la lettre commence ainsi : « M. le coadjuteur de Reims étoit l’autre jour avec nous chez Mme de Coulanges. Je me plaignis à lui du désordre de la poste (dont son frère aîné, le marquis de Louvois, était surintendant) ; il me dit qu’elle lui faisoit des tours aussi bien qu’à moi ; qu’il vous avoit écrit deux fois, etc. » Nous avons suivi le texte de 1726.
  3. 3. Ici encore il y a deux lignes de plus dans Perrin : « Et je lui ai dit toutes vos douceurs là-dessus. Voici une histoire qu’il vous envoie cette fois au lieu de dragées. »
  4. 4. Jean, comte d’Estrées, depuis 1655 lieutenant général, et de-