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finissons tout, nous ne dormons point de bon cœur que nous ne voyions[1] tout le monde content.

Et l’italien, l’oubliez-vous ? J’en lis toujours un peu pour entretenir noblesse. Vous dites donc que Grignan m’embrasse. Vous perdez le respect, mon pauvre Grignan. Viens donc un peu jouer dans mon mail, je t’en conjure ; il y fait si beau ; j’ai si envie de vous voir jouer, vous jouez de si bonne grâce, vous faites de si beaux coups. Vous êtes bien cruel de me refuser une promenade d’une heure seulement. Et vous, ma petite, venez, nous causerons. Ah, mon Dieu ! j’ai bien envie de pleurer. Je ne sais où d’Hacqueville a pris que je lui fis un secret du jour de mon départ ; je n’en eus jamais le dessein. Hélas ! il me mit en carrosse.


174 — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce mercredi 10e juin.

Enfin, ma bonne, je m’en vais vous écrire deux fois la semaine ; je doutois que les lettres du mercredi pussent arriver assez tôt pour partir le vendredi pour la Provence ; nous verrons ; rien n’est impossible à mon petit ami de la poste. Mettez sur vos paquets : « À M. Dubois[2], etc., » afin qu’il n’arrive point de malentendu.

Je m’en vais donc, ma chère bonne, vous entretenir aujourd’hui ce qui s’appelle de la pluie et du beau temps ; car je n’ai vos lettres que le vendredi et j’y réponds le dimanche. Je commence donc par la pluie ; car pour le

  1. 12. On lit dans le manuscrit : « que nous voyons, » sans ne.
  2. Lettre 174 (revue sur une ancienne copie). — I. Commis de la poste à Paris. Il est souvent parlé de lui dans la Correspondance.