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1671


tadour a été signé ce matin. L’abbé de Chambonnas[1] a été nommé aussi ce matin à l’évêché de Lodève. Madame la Princesse partira le mercredi des Cendres pour Châteauroux, où Monsieur le Prince desire qu’elle fasse quelque séjour[2]. M. de la Marguerie a la place du conseil de M. d’Estampes[3] qui est mort. Mme de Mazarin[4] arrive ce soir à Paris ; le Roi s’est déclaré son protecteur, et l’a envoyé querir au Lys avec un exempt et huit gardes, et un carrosse bien attelé.

Voici un trait d’ingratitude qui ne vous déplaira pas[5] et dont je veux faire mon profit, quand je ferai mon livre sur les grandes ingratitudes. Le maréchal d’Albret a con-


    de Ventadour, homme de mauvaises mœurs et d’une laideur proverbiale. Elle avait été fille d’honneur de la Reine ; en 1684, elle devint dame d’honneur de la seconde duchesse d’Orléans, et plus tard gouvernante de Louis XV. Voyez la Notice, p. 215, 216. Elle mourut en 1744 à l’âge de quatre-vingt-treize ans. C’est elle que Madame Henriette et la comtesse de Soissons avaient cherché à faire aimer du Roi, pour écarter Mlle de la Vallière.

  1. 11. Charles-Antoine de la Garde de Chambonnas, évêque de Lodève de 1671 à 1690 ; puis de Viviers, de 1690 à 1714.
  2. 12. Reléguée à Châteauroux, la princesse n’en devait plus sortir. Seize ans plus tard, au lit de mort, Condé confirma l’arrêt. Elle mourut en 1694, sans avoir été rappelée par son fils. Voyez la lettre 128.
  3. 13. Jean d’Estampes, frère de Mme de Puisieux, président au grand conseil, conseiller ordinaire du Roi en son conseil d’État et privé, mourut le 4 février 1671, à soixante-dix-sept ans. Il avait été ambassadeur chez les Grisons, puis en Hollande.
  4. 14. Voyez la note 2 de la lettre 140. C’était à Nevers, en décembre 1670, que la duchesse de Mazarin avait reçu l’ordre d’aller au Lys, ancienne abbaye de filles de l’ordre de Cîteaux, voisine de Melun. Le Roi l’y envoya chercher par Mme Bellinzani et un exempt des gardes, dans un carrosse de Colbert. Voyez les Mémoires de la duchesse de Mazarin, dans les Œuvres de Saint-Réal, tome VI, P. 94, 95.
  5. 15. Voyez la fin de la lettre du 10 avril suivant, et le commencement de celle du 23 mars 1672.