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1670

promis un canonicat pour son frère[1] ; vous connoissez toute sa famille. Ce pauvre garçon étoit attaché à M. Foucquet ; il a été convaincu d’avoir servi à faire tenir une de ses lettres à sa femme ; sur cela il a été condamné aux galères pour cinq ans : c’est une chose un peu extraordinaire. Vous savez que c’est un des plus honnêtes garçons qu’on puisse voir, et propre aux galères comme à prendre la lune avec les dents.

Brancas[2] est fort content de vous, et ne prétend pas vous épargner quand il aura besoin de votre service. Il est persuadé qu’il vous a donné une si jolie femme, et qui vous aime si tendrement, que vous ne pouvez jamais en faire assez pour vous acquitter envers lui. Adieu, mon très-cher Comte, je vous embrasse de toute la tendresse de mon cœur.


    fin de la lettre du 28 novembre 1670. Nous apprenons par une autre lettre de Mme de Sévigné (26 novembre 1688) que plus tard Valcroissant, employé comme inspecteur par Louvois, eut l’occasion d’être utile au jeune marquis de Grignan.

  1. Sans doute au chapitre de l’église collégiale de Grignan, fondé en 1512, et qui relevait immédiatement du saint-siège.
  2. Charles, comte de Brancas, marquis de Maubec et d’Apilli, chevalier d’honneur d’Anne d’Autriche, mort en 1681, était frère puîné du duc de Brancas Villars. C’est le Brancas si renommé par ses distractions, le Ménalque de la Bruyère. Sa femme, Susanne Garnier, avait été fort compromise par les papiers de Foucquet. Nous avons vu (lettre 72) que l’une de ses deux filles avait épousé le prince d’Harcourt, cousin du comte de Grignan. Brancas avait beaucoup contribué au mariage de ce dernier avec Mlle de Sévigné.