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qui la tenoit depuis un an. Voilà Luxembourg[1] à Mademoiselle[2], et nous y entrerons. Elle avoit fait abattre tous les arbres du jardin de son côté, rien que par contradiction : ce beau jardin[3] étoit devenu ridicule ; la Providence y a pourvu. Il faudra le faire raser des deux côtés, et y mettre le Nôtre[4] pour y faire comme aux Tuileries. Mademoiselle n’a point voulu voir sa belle-mère mourante ; cela n’est ni chrétien, ni héroïque[5].

Le traité de M. de Lorraine est rompu, après avoir été assez avancé : voilà votre pauvre amie[6] assez reculée. M. de Bâville[7] se marie à une Mlle de Chalucet de Nantes ;

  1. 10. Mme de Sévigné et Mademoiselle ne disent jamais autrement, et Molière (iiie scène du IIIe acte des Fâcheux) :

    Au Mail (à l’Arsenal), à Luxembourg, et dans les Tuileries,
    Il fatigue le monde avec ses rêveries.

    Voyez tome II, p. 180, note 6.

  2. 11. Voyez les Mémoires de Mademoiselle, tome IV, p. 372-375 et 530-535.
  3. 12. Les jardins du Luxembourg avaient été dessinés, et commencés en 1613, deux ans avant le palais, par l’architecte lui-même, Jacques de Brosse. Voyez le Palais du Luxembourg, par M. A. de Gisors, p. 41.
  4. 13. André le Nôtre, contrôleur des bâtiments et dessinateur des jardins du Roi. Son nom est resté en blanc dans le manuscrit. — Le chevalier de Perrin lui consacre la note suivante : « Homme célèbre pour les jardins. » — Le côté de la rue de Madame nous offre encore une partie des plantations de le Nôtre.
  5. 14. « Si elle m’eût demandée, je l’aurois été voir ; mais comme je n’avois pas de pardon à lui demander et que c’étoit moi qui avois été maltraitée par elle, j’eus peur que si j’y allois, elle crût que c’étoit pour me réjouir de la voir en cet état ; ce que je n’aurois pas fait, étant chrétienne et n’aimant pas à voir la mort par la peur que j’en ai. » (Mémoires de Mademoiselle, tome IV, p. 325.)
  6. 15. La princesse de Vaudemont. Voyez tome II, p. 509, note 8.
  7. 16. Le cinquième fils du premier président de Lamoignon, le fameux intendant de Languedoc et inventeur de la capitation ; il était alors conseiller au parlement et allait être maître des requêtes. Il