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Mme Carle ; celle-ci avoit, dit-on, ses desseins ; pour moi, je n’en crois rien ; cependant c’est le bruit de Lyon ; en un mot, c’est de Mme Carle que Monsieur le Marquis[1] paroît amoureux. Mme Solus se désespère ; mais elle aime mieux voir Monsieur le Marquis infidèle que de ne le point voir. Cela fait croire qu’elle ne prendra jamais le parti de se jeter dans un couvent. Cette histoire vous paroît-elle avoir la grâce de la nouveauté ? Continuez à m’écrire, ma très-belle : vos lettres me touchent le cœur. Mme de Rochebonne est toujours dans le dessein de vous aller voir. Je ne savois point que Mme de Grignan eût été malade ; si c’est une maladie sans suite, sa beauté n’en souffrira pas longtemps. Vous savez l’intérêt que je prends à tout ce qui pourroit cet hiver vous empêcher l’une et l’autre de revenir de bonne heure.

Adieu, ma très-chère amie ; j’oubliois de vous dire que le marquis de Villeroi se propose d’aller à Grignan avec votre ami le comte de Rochebonne. Je vous suis très-obligée de vouloir bien de moi. Il y a peu de choses que je souhaite davantage que de me rendre au plus vite dans votre château. Mon impatience, quoique violente, dure toujours. Cela me fait craindre pour le chaud : il doit être insupportable, puisque je ne m’y expose pas. La rapidité du Rhône convient à l’envie que j’ai de vous embrasser.


Ainsi, Madame[2], je ne désespère point du tout de vous aller conter les plaisirs de Bellecour. Vous me promettez de ne me point dire : « Allez, allez, vous êtes une laide ; » cela me suffit. J’ai peur que vous ne traitiez mal notre

  1. 4. Le marquis de Villeroi.
  2. 5. La fin de la lettre s’adresse à Mme de Grignan : voyez les lettres suivantes de Mme de Coulanges.