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ronnée de peu d’amants, et d’amants peu propres à faire du bruit, de sorte qu’elle n’a pas grand besoin du manteau de sainte Ursule[1]. Le premier président de Bourdeaux est amoureux d’elle comme un fou ; il est vrai que ce n’est pas d’ailleurs une tête bien timbrée. Monsieur le Premier[2] et ses enfants sont aussi fort assidus auprès d’elle. M. de Montaigu ne l’a, je crois, point vue de ce voyage-ci, de peur de déplaire à Mme de Northumberland, qui part aujourd’hui ; Montaigu l’a devancée de deux jours : tout cela ne laisse pas douter qu’il ne l’épouse. Mme de Brissac joue toujours la désolée, et

    Conti. Voyez tome I, p. 455, et la note de Walckenaer, tome II, p. 498.

  1. 4. Pour les cacher. — On représente souvent sainte Ursule couvrant de son manteau plusieurs personnes, qui figurent ou de pieux chrétiens ou peut-être les compagnes de son martyre. Voyez le Dictionnaire iconographique des figures, légendes et actes des saints, par M. Guénebault, et comparez la lettre du 19 novembre suivant. — Le premier président de Bordeaux était Arnauld de Pontac, qui avait épousé une sœur du malheureux de Thou. En 1673, il était âgé de plus de soixante ans. Il se démit volontairement de sa charge et eut pour successeur, au mois d’août de cette année, son gendre, le sieur d’Aulède. Il mourut en 1681, à l’âge de quatre-vingt-un ans.
  2. 5. Henri de Beringhen, premier écuyer du Roi. Voyez la note 3 de la lettre 160, tome II, p. 185. Il avait, outre deux filles qui furent religieuses, deux fils : Henri, l’aîné, marquis de Beringhen, tué l’année suivante devant Besançon, et Jacques-Louis, né en 1651, mort en 1723, alors chevalier de Malte, qui épousa (1677) une fille du duc d’Aumont, succéda à la charge de son père (1792) et fut sous la Régence du conseil des affaires du dedans. Sur l’honorable caractère de Jacques-Louis, sa faveur auprès du Roi et du Dauphin, son enlèvement sur le pont de Sèvres par un parti ennemi en 1707, voyez Saint-Simon, tomes IX, p. 352, XIII, p. 155, XIX, p. 449, V, p. 373 et suivantes. Il fut membre honoraire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et laissa une très-belle collection d’estampes dont s’augmenta le cabinet du Roi : « elle en est encore aujourd’hui, dit M. P. Paris (tome III, p. 384 de Tallemant des Réaux), l’un des principaux ornements. »