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y pût faire son compliment elle-même ; mais dans l’incertitude elle vous le fait ici, elle et M. de Grignan.

de corbinelli.

Vous croyez bien, Monsieur, que je ne suis pas le dernier de vos serviteurs à prendre une bonne part à la petite douceur que le Roi vous a faite. M. de Vardes ne l’a jamais pu obtenir pour deux mois seulement à la mort de son oncle[1], ce qui me fait juger que son affaire tient plus au cœur du Roi que la vôtre[2]. Pendant votre séjour de Paris, je vous conseille de vous faire instruire de la philosophie de Descartes : Mlles de Bussy l’apprendront plus vite qu’aucun jeu. Pour moi, je la trouve délicieuse, non seulement parce qu’elle détrompe d’un million d’erreurs où est tout le monde, mais encore parce qu’elle apprend à raisonner juste. Sans elle nous serions morts d’ennui dans cette province.

Les vers que vous me faites l’honneur de m’envoyer[3] sont très-bons et très-justes. Je vous montrerai aussi mes traités de rhétorique, de poétique et de l’art historique ; je les ai faits sur les préceptes des meilleurs maîtres, mais je crois, plus intelligiblement et plus succinctement qu’eux. Je ne douterai point de leur bonté s’ils parviennent à vous plaire.

J’estime fort votre résignation : on est bien heureux, quand on a autant de mérite que vous en avez, de se passer des récompenses des rois courageusement et sans

  1. 4. Claude, marquis de la Bosse, frère puîné du père de Vardes, était mort sans postérité en 1671.
  2. 5. Voyez tome II, p, 98, note 3.
  3. 6. Les vers de Mlle du Pré. Voyez la fin de la lettre précédente de Bussy.