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1673

L’évêque de Marseille dit que ce n’est pas lui qui a dit du mal de Maillanes[1] : il a raison de le nier, c’est son cousin et son ami. De savoir qui les a fait agir, c’est une belle question, et c’est une équivoque où vous vous perdrez, car il n’y a point de prise à cette accusation. Ce que l’on voit, c’est Maillanes déshonoré et exclu. Faut-il être sorcier pour deviner comment la chose s’est faite ?

À l’égard de vos cinq mille livres[2], il faut toujours les demander comme à l’ordinaire, vous avez sujet d’en espérer un très-bon succès ; il seroit mal d’en parler d’avance ; mais Monsieur de Marseille est si déclaré contre vous, qu’il ne peut plus vous faire de mal, il faudroit des preuves. Si vous n’étiez point si honnêtes gens que vous l’êtes, vous en auriez contre lui ; vous lui laissez faire sans envie le métier de délateur ; vous vous contentez, il est vrai, de parler et de vous dévorer ; nous désapprouvons

  1. 3. Il y a eu de nombreuses branches de la famille de Maillanes, et il n’est pas facile de dire quel est celui dont il s’agit ici. Il a été parlé d’Antoine des Porcellets, marquis de Maillanes, dans la note 6 de la p.105 du tome II ; son fils, Armand-René, épousa en 1673 Jeanne de Mondragon. — La branche aînée des marquis de Maillanes et la Rosselle s’éteignit à— la fin du dix-septième siècle en la personne de Louis-Joseph, gouverneur des château et ville de Tarascon, aide de camp du prince de Condé, et qui pourrait bien être celui dont parle Mme de Sévigné dans sa lettre du 22 décembre 1675. — Dans une lettre autographe, inédite, adressée à M. d’Aiglun, conseiller du Roi en son parlement de Provence, à Aix, et datée du 22 août, sans indication d’année, le comte de Grignan paraît attacher une grande importance à faire nommer un M. de Maillanes à une charge de la province : « Jamais affaire, dit-il, ne m’a tant regardé que celle de M. de Maillane, et quoique du côté de la cour j’aie tout ce que je voudrai, je serois pourtant bien aise de faire les choses de l’agrément de la province et de faire voir à S. M. que quand il me plaît j’ai les consuls à ma dévotion. Vous voyez bien, mon cher Monsieur… que c’est un coup d’État pour moi… »
  2. 4. Pour l’entretien des gardes du comte de Grignan. Voyez Walckenaer, tome V, p. 51, et la Notice, p. 125 et 127.