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à la Garde, soutenus de M. de Pompone, pour savoir demander un congé à propos. Le premier président de Provence ne passe point pour neveu de M. Colbert ; je ne sais où vous avez pris cette proximité : c’est le fils de M. Marin[1], qui porte le nom de la Châtaigneraie, et qui a été intendant à Orléans : je ne puis vous dire le reste. Je vous ai mandé que nous avions été le voir ; c’est avec lui qu’il faut que vous régliez toutes vos prétentions. Soyez persuadée, ma très-chère, que M. de Grignan se soutiendra toujours très-bien, pourvu qu’il ne se détruise point lui-même.

Vous avez une idée plus grande que nous de ce présent de Mme de Montespan à Mme de la Fayette : c’est une petite écritoire de bois de Sainte-Lucie, bien garnie à la vérité, et un crucifix tout simple. Cette belle est magnifique et se plaît à donner ainsi à plusieurs dames : nous ne voyons point que cela signifie rien pour Mme de la Fayette. Nous fûmes l’autre jour deux heures chez elle avec M. de Pompone ; nous parlâmes encore de Provence sur nouveaux frais ; je dis encore mieux que l’autre fois ; et je vous assure qu’il fait une grande différence du procédé et du fonds de M. de Grignan d’avec celui des autres. Il trouve bas et vilain, sans le dire toutefois, que dans le temps du siége d’Orange, et de vos infinies dépenses, ce soit par là qu’on fasse éclater sa colère. Quand l’évêque de Marseille n’est point en furie, il laisse passer tout sans scrupule, et quand il veut songer, sa conscience le presse de s’opposer à une bagatelle, qui d’ailleurs est une chose juste. Ayez soin de nous en instruire toujours, et dites-

  1. 8. La Gazette du 3 février 1674 dit que le Roi avait donné au sieur de la Châtaigneraie la charge de premier président, « tant en considération des longs et agréables services rendus par le sieur Marin, son père, dans les intendances des armées et celle des finances, que des siens particuliers. »