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difficulté qu’il y auroit de parler au Roi de cette affaire, afin de savoir où l’on s’en doit tenir, et tâcher de sortir de cet esclavage dont Monsieur de Marseille sait user si généreusement. Dans cette pensée, Mme de la Fayette nous a soutenus, et demain nous partons, lui et moi, tête à tête, sans autre affaire que de dîner avec M. de Pompone, et voir quel tour il faut donner à cette affaire[1]. Nous ne voulons mêler ce dessein d’aucune autre chose[2] ; nous ne verrons ni Roi ni Reine ; je serai en habit gris, et nous ne verrons que la maison de Pompone. Quand on pense à faire sa cour, cela donne une certaine distraction qui ne me plaît pas : je retournerai dans quelques jours rendre mes devoirs. Pour demain, le grand d’Hacqueville et moi n’avons que vous dans la tête. Je reviendrai vous écrire.

Je vis hier Mme de Souliers[3] avec qui j’ai raisonné pantoufle assez longtemps. Elle me dit que Bodinar[4] étoit entièrement à Monsieur de Marseille : je lui dis que je ne le croyois pas ; elle m’assura qu’elle le savoit bien : je lui dis que nous verrions. Elle me dit cent petites choses qui m’échauffèrent fort la cervelle ; mais comme vous n’avez pas besoin qu’on vous échauffe plus que vous ne l’êtes, je ne vous les dirai point.

Jamais je n’ai eu plus d’inquiétude que j’en ai, et du siège d’Orange, et de vos affaires de l’assemblée ; j’en suis plus occupée que si j’étois avec vous. Ma pauvre

  1. 4. Dans l’édition de Rouen : « à ce projet. »
  2. 5. « Nous ne voulons y mêler aucune autre chose. » (Édition de la Haye, 1726.)
  3. 6. On écrivait Soliers et Souliers, comme Forbin et Fourbin. — Forbin, marquis de Soliers, était chef d’une des branches de la maison de Forbin, et par conséquent parent de l’évèque de Marseille (qui était de la branche de Janson, l’aînée suivant Moréri).
  4. 7. Le baron de Beaudisnar était, en 1675, procureur du pays joint pour la noblesse à l’assemblée de Provence.