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aux deux héros[1], comme selon les apparences on les battroit[2], la paix seroit quasi assurée : voilà ce qu’on entend dire aux gens du métier.

Il est certain que M. de Turenne est mal avec M. de Louvois[3] ; mais comme il est bien avec le Roi et M. Colbert, cela ne fait aucun éclat.

Oh a fait cinq dames[4] : Mmes de Soubise, de Chevreuse[5], la princesse d’Harcourt, Mme d’Albret[6] et

  1. 7. Monsieur le Prince et M. de Turenne. (Note de Perrin.)
  2. 8. Pour éclaircir là phrase, Perrin, dans sa première édition (1734), a donné : « comme il y a tout lieu de croire que les ennemis seroient battus ; » dans la seconde (1754) : « comme il est à présumer que les ennemis seroient battus. »
  3. 9. Voyez plus haut, p. 339, note 3.
  4. 10. Cinq dames du palais.
  5. 11. Jeanne-Marie, fille aînée de Colbert, duchesse de Chevreuse. Voyez tome II, p. 386, note 2.
  6. 12. Marie, fille unique du maréchal d’Albret, qui l’avait mariée, en 1662, avec le fils unique de son frère aîné, Charles-Amanieu d’Albret, sire de Pons, appelé le marquis d’Albret. C’est son mari, tué en 1678, et non (comme il a été dit par erreur, tome I, p. 536, note 3) son père, qui fut le dernier mâle de cette maison des bâtards d’Albret. Elle mourut à quarante-deux ans, en juin 1692. « Elle étoit franche héritière, c’est-à-dire riche, laide et maussade. Le marquis d’Albret, jeune, galant, bien fait, étourdi, et qui se croyoit du sang des rois de Navarre, n’en fit pas grand cas, et se fit tuer malheureusement pour une galanterie, à la première fleur de son âge. Sa veuve demeura sans enfants avec sa belle-mère (Mme de Richelieu), qui la fit faire dame du palais de la Reine aux premières que le Roi lui donna. Le comte de Marsan, jeune, avide et gueux, qui avoit accoutumé de vivre d’industrie, et qui avoit ruiné la maréchale d’Aumont, fit si bien sa cour à la marquise d’Albret, qui n’avoit pas accoutumé d’être courtisée, qu’elle l’épousa (au mois de mars 1683), en lui donnant tout son bien par le contrat de mariage, sans que la duchesse de Richelieu en sût rien que lorsqu’il fallut s’épouser. Elle en fut la dupe. M. de Marsan la laissa dans un coin de sa maison avec le dernier mépris et dans la dernière indigence, tandis qu’il se réjouissoit de son bien. Elle mourut dans ce malheur, sans enfants. » (Saint-Simon, tome XI, p. 52.)