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Schomberg[1], qui m’a dit très-sérieusement qu’elle étoit du premier ordre, et pour la retraite, et pour la pénitence, n’étant d’aucune sorte de société, et refusant même les amusements de la dévotion. Enfin c’est ce qui s’appelle adorer Dieu en esprit et en vérité, dans la simplicité de la première église.

Les dames du palais sont dans une grande sujétion. Le Roi s’en est expliqué, et veut que la Reine en soit toujours entourée. Mme de Richelieu, quoiqu’elle ne serve plus à table, est toujours au dîner de la Reine, avec quatre dames, qui sont de garde tour à tour. La comtesse d’Ayen[2] est la sixième ; elle a bien peur[3] de cet attachement, et d’aller tous les jours à vêpres, au sermon ou au salut : ainsi rien n’est pur en ce monde. Pour la marquise de Castelnau, elle est blanche et fraîche, et consolée. L’Éclair[4], à ce qu’on dit, n’a fait que changer d’appartement, dont le premier étage est fort mal content. Mme de Louvigny ne paroît point assez aise de sa bonne fortune[5]. On ne sauroit lui pardonner de n’adorer pas son mari comme au commencement : voilà la

  1. 11. Parente de Mme de Marans, qui logeait avec elle. Voyez tome II, p. 141, note 7.
  2. 12. Marie-Françoise de Bournonville, depuis maréchale de Noailles. (Note de Perrin.) Voyez tome II, p. 302, note 7.
  3. 13. « Grand’peur, » dans les deux éditions de Perrin.
  4. 14. Ce mot se lit dans les deux éditions de Perrin, avec cette simple note dans la seconde (1754) : « Chiffre. » On ne sait quelle est la personne ainsi désignée. Ce chiffre ne se trouve pas dans les éditions antérieures à Perrin ; la phrase dont l’Éclair est le sujet s’y rapporte à la marquise de Castelnau.
  5. 15. Le 21 décembre 1673 le comte de Louvigny avait prêté serment entre les mains du Roi pour les gouvernements de Navarre, de Béarn et de Saint-Jean-Pied-de-Port, qu’avait le défunt comte de Guiche son frère, et dont Sa Majesté avait bien voulu accorder la survivance au maréchal de Gramont son père, en considération de ses grands services. Voyez la Gazette du 22 décembre 1673.