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première fois que le public s’est scandalisé d’une pareille chose. Mme de Brissac est belle, et loge[1] toujours avec l’ombre de la princesse de Conti. Elle est en arbitrage avec son père, et ravit le cœur de ce pauvre M. d’Ormesson, qui dit qu’il n’a jamais vu une femme si honnête et si franche. La Coetquen[2] est tout ainsi que vous l’avez vue. Elle a fait faire une jupe de velours noir avec de grosses broderies d’or et d’argent, et un manteau de tissu, couleur de feu[3], or et argent. Cet habit coûte six mille écus[4] ; et quand elle a été bien resplendissante, on l’a trouvée comme une comédienne, et on s’est si bien moqué d’elle, qu’elle n’ose plus le mettre. La Manierosa[5] est un peu fâchée de n’être point dame du palais. Mme de Duras[6] se moque d’elle, et ne veut point de cet honneur. La Troche est telle que vous l’avez vue, très-passionnée pour tous vos intérêts ; mais je ne puis assez vous dire de quelle manière Mme de la Fayette s’est mise à rire devant nous, et prenant la parole sur tout, et blâmant l’Évêque et M. de la Rochefoucauld, et tout cela de ces bons tons sincères que vous connoissez. Je l’en aime encore plus que je ne faisois ; vous en devez faire de même. Monsieur de Marseille n’est pas révéré dans ces lieux, où j’ai un peu de voix en chapitre.

Nous fûmes voir M. de Turenne[7] ; il a un peu la

  1. 16. Dans les éditions de 1725 et 1726 on lit et sage, au lieu de : et loge. — Voyez les lettres du 5 février 1672 et du 26 mai 1673.
  2. 17. Voyez tome II, p. 239, note 3.
  3. 18. Couleur de feu manque dans les éditions antérieures à Perrin.
  4. 19. C’est le texte de 1725. Dans les éditions de 1726 on lit : « cent mille écus ; » dans la première de Perrin : « coûte infiniment ; » dans la seconde : « coûte des sommes immenses. »
  5. 20. Ce mot italien, qui signifie « la polie, l’affable, » désigne probablement la duchesse de Sully : voyez tome II, p. 143, note 2.
  6. 21. Voyez tome II, p. 85, note 7.
  7. 22. Après avoir distribué les quartiers d’hiver à l’armée qu’il com-