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C’est assez pourvu qu’il voie et qu’il retienne bien ce qu’il voit. Il est vrai que l’iniquité a été consommée dans l’opposition des gardes[1] : vous verrez par mes lettres qu’elle est encore plus grande que vous ne pensez. La Pluie[2] en est honteux pour son ami, et en parle assez franchement à son amie, mais tout ceci entre nous. Je vis l’autre jour Monsieur de Meaux[3], qui ne se lasse point de blâmer cette bassesse indigne et même malhabile. Vous ne sauriez croire le tort que cela lui[4] fait. Vous êtes heureux que l’Intendant voie tout. Il vous doit consoler de la prévention de l’Intendante ; je n’eusse jamais cru qu’elle eût eu le courage d’être contre vous. Votre premier président me dit l’autre jour que le Roi lui avoit fait espérer l’intendance pour ce printemps, au retour de M. Rouillé. J’en parlerai à M. de Pompone. Je m’en vais demain à Saint-Germain avec Mme de Chaulnes, purement pour le voir. Je l’aime naturellement, comme vous savez, et je ne lui trouve pas d’aversion pour moi.

Je vis hier le Torrent et la Rosée[5] chez Mme de la Fayette. On parla fort de vous, et d’une manière à ne vous pas mettre en colère ; car on vous faisoit justice sur tout. Elles étoient toutes deux parées de leur deuil :

Le deuil enfin sert de parure[6].

Deux bonnets unis, deux cornettes unies, tout élevé et

  1. 4. C’est-à-dire à la gratification de cinq mille francs pour l’entretien des gardes du comte de Grignan. Voyez Walckenaer, tome V, p. 52.
  2. 5. Pompone.
  3. 6. Ne faut-il pas lire Monsieur de Condom ? Voyez la note 7 de la lettre 362.
  4. 7. À l’évêque de Marseille.
  5. 8. Voyez plus haut la lettre 358, note 5.
  6. 9. Vers de la Jeune Veuve, fable xxi du livre VI de la Fontaine.