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1674


coup je le reprends : versi sciolti[1]. Savez-vous bien[2] que le marquis de Cessac[3] est ici, qu’il aura de l’emploi à la guerre, et qu’il verra peut-être bientôt le Roi ? C’est la prédestination toute visible.

Nous parlons tous les jours, Corbinelli et moi, de la Providence ; et nous disons qu’il y a ce que vous savez, jour pour jour, heure pour heure, que votre voyage est résolu. Vous êtes bien aise que ce ne soit pas votre affaire de résoudre ; car une résolution est quelque chose d’étrange pour vous, c’est votre bête : je vous ai vue longtemps à décider d’une couleur ; c’est la marque d’une âme trop éclairée, et qui voyant d’un coup d’œil toutes les difficultés, demeure en quelque sorte suspendue comme le tombeau de Mahomet[4]. Tel étoit M. Bignon[5],

  1. 19. Vers libres.
  2. 20. La lettre commence ici dans les éditions de 1726. Les mots : « la prédestination toute visible, » y sont suivis de ceux-ci : « voilà qui fera bien enrager Forbin » (dans l’édition de la Haye), « voilà une nouvelle qui fera bien enrager Sarbin (sic) » (dans l’édition de Rouen). L’une et l’autre sautent après cela tout l’alinéa suivant, et reprennent à : « On dit aussi que M. de Turenne, » Celle de Rouen ne va pas au delà des mots : « nos pauvres amis, » —à la suite desquels elle place : 1o un très-long morceau de notre lettre du 1er avril 1672 ; 2o un passage de notre lettre du 5 février 1674. Celle de la Haye s’arrête avant la dernière phrase : « M. de Pompone m’a priée… »
  3. 21. Louis-Guilhem de Castelnau, comte de Clermont-Lodève, marquis de Cessac. Voyez tome II, p. 113.
  4. 22. Voyez le commencement de la lettre du 4 novembre 1676.
  5. 23. Jérôme Bignon, né en 1590, avocat général au parlement de Paris en 1626, grand maître de la bibliothèque du Roi en 1642, mort le 7 avril 1656. Voici le jugement que porte de lui son collègue Omer Talon : « J’ai eu ce malheur qu’entrant dans le parquet (en 1631) j’ai trouvé les maximes de courage et de sévérité endormies. J’eus pour collègues deux hommes illustres, savoir : (Molé, alors procureur général, et) M. Bignon, avocat général, l’un des plus savants hommes de son siècle, et universel dans ses connoissances, mais d’un naturel timide, scrupuleux, et craignant de faillir et of-