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J’espère, ma fille, que vous serez plus contente et plus décidée, quand vous aurez votre congé, et personne ne doute ici que votre retour n’y soit très-bon pour vous. Si vous n’étiez bien en ce pays, vous vous en sentiriez bientôt en Provence : si me miras, me miran ; rien ne peut être mieux dit, il en faut revenir là, et n’avoir point de regret, laisser les fagots placés magnifiquement. Je vous conserve le Brouillard[1], qui peut assurément vous rendre de grands services ; vous savez l’inclination qu’il a pour vous. M. et Mme de Coulanges vous souhaitent avec impatience : ils vous font tous mille baisemains, et la Sanzei et le bien Bon, qui vous est tout acquis. Nous voulons que vous ameniez le Coadjuteur ; il vous fortifiera considérablement. Donnez-moi vos ordres, ma mignonne, et vous verrez comme vous serez servie. Une maison pour le Coadjuteur et votre train vous déplairoit-elle ? La Garde m’a dit qu’il vous avoit conseillé d’amener le moins de gens que vous pourrez. Il ne voudroit qu’un valet de chambre pour M. de Grignan, disant qu’à Saint-Germain il n’en aura qu’un, et que l’autre lui sera très-inutile à Paris. Il ne faut amener aucun page ; c’est une marchandise de province qui n’est point bonne ici ; il ne veut point de suite, point d’officiers ; il ne voudroit que six laquais pour vous deux ; pour moi je vous demande Bonne fille, parce que c’est un bon garçon dont je m’accommoderai très-bien. En faisant ainsi, vous ne ferez point le voyage de Paris comme celui de Madagascar ; il faut se rendre léger, quitter le décorisme[2] de la province, et ne point écouter les plaintes des demeurants ; six chevaux vous

    suis le premier homme du monde pour faire des fagots. Mais aussi je les vends cent dix sous le cent. Il y a fagots et fagots ; mais pour ceux que je fais, etc. »

  1. 14. Voyez la note 11 de la lettre 372.
  2. 15. On lit décorisme dans notre vieille copie. Serait-ce une faute