1675
j’ai bonne opinion de lui de vous aimer. Pour moi, je me suis fait saigner pour l’amour de vous ; je m’en porte fort bien. Un médecin que j’ai vu chez Mme de la Fayette m’a priée de ne me point faire purger sitôt : il me donnera des pilules admirables : c’est le premier médecin de Madame[1], qui vaut mieux que tous les autres premiers médecins.
Mais à propos, vous attendez mon conseil pour aller voir Madame la Grande-Duchesse à Montélimar. M. de Grignan vous conseille d’y aller, et vous n’avez point d’équipage : je ne comprends pas trop bien comme il l’entend. Mon avis, c’est d’y aller tout doucement à pied ; je devine à peu près le parti que vous aurez pris, et je l’approuve. On l’attend ici comme une espèce de Colonne et de Mazarin[2], pour avoir quitté son mari[3] après quinze ans de séjour ; car pour les autres choses, on fait honneur à qui il est dû. Sa prison sera rude[4] ; mais elle croit qu’on l’adoucira. Je suis persuadée qu’elle aimeroit fort cette maison, qui n’est point à louer[5] : ah !
- ↑ 2. Le premier médecin de Madame était en 1675 le sieur Nicolas Lizot.
- ↑ 3. Sur ces deux nièces de Mazarin, voyez tome II, p. 84, note 2, et tome III, p. 116, note 15.
- ↑ 4. « Pour la folie d’avoir quitté son mari. » (Édition de 1754.)
- ↑ 5. « Après avoir proposé bien des couvents, le Grand-Duc agréa qu’elle vînt à Montmartre, dont Mme de Guise ma tante est abbesse… C’est une fille de grande vertu et de beaucoup de mérite ; et comme les religieuses n’oublient pas leur communauté, elle se trouva bien de la venue de ma sœur, Monsieur le Grand-Duc y ayant fait bâtir une maison fort belle, dont la moitié est en dedans, qui sera un très-bon logement pour l’abbesse quelque jour, et [l’autre] au dehors, fort commode, où logent ses gens, [avec] de beaux parloirs… Elle ne devoit sortir que pour aller voir le Roi, quand il lui commanderoit et l’enverroit querir dans l’un de ses carrosses. » (Mémoires de Mademoiselle, tome IV, p. 377, 521.)
- ↑ 6. Clagny ? le cœur du Roi ? « La Reine, dit Mademoiselle, m’a fait l’honneur de me dire que ma sœur (la grande-duchesse de Toscane)