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salut impossible avec la pourpre, et qu’il verra[1] dans sa lettre les véritables raisons qui l’avoient obligé à vouloir rendre son chapeau ; mais que si Sa Sainteté persiste à lui commander de le garder, il est tout disposé à obéir. Ainsi toutes les apparences sont qu’il sera : toujours notre très-bon cardinal. Il se porte bien dans sa solitude ; il le faut croire, quand il le dit. Il ne m’a point dit adieu pour jamais ; au contraire, il m’a donné toute l’espérance du monde de le revoir, et m’a paru même avoir quelque joie non-seulement de m’en donner, mais de conserver pour lui cette petite espérance. Il conservera son équipage de chevaux et de carrosses ; car il ne peut plus avoir la modestie d’un pénitent, à cet égard-là, comme dit la princesse d’Harcourt. Il m’écrit souvent de petits billets, qui me sont bien chers. Il me parle toujours de vous : écrivez-lui sur ce chapeau, et conseillez-lui de s’occuper.

On dit que M. de Saint-Vallier a épousé Mlle de Rouvroi ; c’étoit un jeu joué que sa disgrâce[2]. La petite Saint-Valleri est hors d’affaire pour sa vie ; mais sa beauté est fort incertaine[3], La prospérité du Coadjuteur ne l’est point du tout : il est parfaitement content, et a raison de l’être. Pour moi, je crois, comme vous, qu’il l’est encore plus du séjour de Paris que de l’archevêque de Paris. Vous avez très-bien fait d’aller voir cette princesse (c’eût

  1. 14. « Et qu’on verra dans la lettre. » (Édition de 1754.)
  2. 15. Voyez plus haut, p. 475, la lettre du 12 juin.
  3. 16. Elle avait la petite vérole. Voyez la fin de la lettre du 26 juin et de celle du 24 juillet, p. 498 et 527. — Marie (ou Marguerite) Angélique de Bullion, fille de Mme de Montlouet (voyez tome II, p. 272, note 2), avait épousé, le 23 juillet de l’année précédente (1674), son cousin, Joseph-Emmanuel-Joachim Rouault, marquis de Saint-Valleri, fils de la marquise de Gamaclhes : voyez tome II, p. 490, note 4. Le marquis de Saint-Valleri fut mestre de camp d’un régiment de cavalerie, puis brigadier des armées du Roi, et mourut à quarante et un ans en 1691.