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l’on n’est pas charmé de son présent. Il ne faut pas aussi vous figurer que ce présent soit autre chose, selon lui, qu’une pure bagatelle, dont le refus seroit une très-grande rudesse. Je m’en vais l’en remercier en attendant votre lettre. Quand je vous ai proposé de lui conseiller de s’amuser à écrire son histoire, c’est qu’on m’avoit dit de le faire aussi, et que tous ses amis ont voulu être soutenus, afin qu’il parût que tous ceux qui l’aimoient étoient dans le même sentiment[1]. Il se porte très-bien, je vous en assure ; ce n’est plus comme cet hiver : le régime et les viandes simples l’ont entièrement remis. Il est vrai que Castor et Pollux ont porté la nouvelle de Rome[2]. Vous dites fort plaisamment tout ce qu’on a dit ici ; mais je n’ai fait que l’entendre redire, sans avoir eu le malheur de me trouver avec les gens qui raisonnent si bien. Dieu merci, je ne vois que des gens qui voient son action dans toute sa beauté, et qui l’aiment comme nous. D’Hacqueville veut qu’il ne se cloue point à Saint-Mihel ; il lui conseille d’aller à Commerci, et quelquefois à Saint-Denis. Il garde son équipage en faveur de sa pourpre ; je suis persuadée avec joie que sa vie n’est point finie.

Madame la Grande-Duchesse et Mme de Sainte-Mesme[3] ont fort parlé ici de votre beauté. Vous aviez donc ce joli

  1. 12. C’est aux instances des amis de M. le cardinal de Retz que le public est redevable des Mémoires de sa vie, qui n’ont été imprimés que longtemps après sa mort, et avec des lacunes considérables. (Note de Perrin, 1754.)
  2. 13. La nouvelle que le pape refusait la démission du cardinal de Retz. Voyez la lettre du 10 juillet précédent, p. 511 et suivante, et comparez ce passage (tome II, p. 140) : « Votre bon sens a fait comme si Castor et Pollux vous avoient porté ma pensée. » Castor et Pollux étaient les porteurs des grandes et bonnes nouvelles, les messagers des victoires, etc.
  3. 14. Élisabeth Gobelin, femme d’Anne-Alexandre de l’Hôpital, comte de Sainte-Mesme, premier écuyer de la grande-duchesse de Toscane.