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content. Je suis chargée des compliments de toute la loge, mais surtout de M. de Pompone, qui vous prie bien sérieusement de compter sur son amitié, malgré votre absence. La poste partiroit si je voulois vous dire tout ce qu’il dit de vous, et comme vous lui paroissez, et quelle sorte de mérite il vous trouve. Je l’ai instruit des décisions de MM. d’Oppède et Marin. Il est bien persuadé de leurs manières brusques. Tout ce qui me consolera quand je serai en Bretagne, c’est que Mme de Vins vous servira dans cette maison ; sans cela je vous avoue que je serois inconsolable de vous priver des petits offices que je vous pourrois rendre et dans l’Assemblée[1] et ailleurs.

Je vis hier Madame la Grande-Duchesse. Elle me parut comme vous me l’avez dépeinte : l’ennui me paroît écrit et gravé sur son visage ; elle est très-sage et d’une tristesse qui attendrit, mais je crois qu’elle reprendra ici sa joie et sa beauté. Elle a fort bien réussi à Versailles ; le Roi l’a trouvée aimable, et lui adoucira sa prison. Sa beauté n’effraye pas, et l’on[2] se fait une belle âme de la plaindre et de la louer. Elle fut transportée de Versailles, et des caresses[3] de sa noble famille : elle n’avoit point vu Monsieur le Dauphin, ni Mademoiselle. Comme sa réputation n’a jamais eu ni tour, ni atteinte, on se fera une action de charité de la divertir. Elle me parla fort de vous et de votre beauté ; je lui dis, comme de moi, ce que vous me mandez : c’est que vous subsistez encore sur l’air de Paris ; elle le croit, et que les airs et les pays chauds donnent la mort. Elle ne se pouvoit taire de vous et du mauvais souper qu’elle vous avoit

  1. 4. Dans l’assemblée des communautés
  2. 5. Mme de Montespan.
  3. 6. Il y a ici dans le manuscrit une faute singulière, due sans doute au mot transportée qui précède : on y lit carosses (carrosses), pour caresses.