Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/536

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 530 —

1675


donné[1]. Elle étoit fort contente de M. de Grignan, et de Rippert[2] qui l’avoit relevée de son carrosse versé.

Elle a dans la tête Mme de Céieste[3], comme la plus folle, la plus hardie, la plus coquette, la plus extravagante personne qu’elle ait jamais vue. Si on lui disoit que Madame la Grande-Duchesse n’a remarqué qu’elle dans la Provence, quelle gloire ! et voilà ce que c’est.

J’ai si bien fait que Mme de Monaco est toujours malade : si elle avoit de la santé, il faudroit quitter la partie ; sa faveur est délicieuse entre Monsieur, et Madame. Je crains que Mme de Langeron ne se console, et si j’ai fait de mon mieux[4]. Vous expliquez et comprenez fort

  1. 7. À Pierrelatte, petite ville du bas Dauphiné, où Mme de Grignan s’étoit rendue pour saluer Madame la Grande-Duchesse à son passage. [Note de Perrin.) — Voyez ci-dessus, p. 511.
  2. 8. Voyez tome II, p. 81, note 7.
  3. 9. Dans l’édition de 1754, la seule de Perrin qui donne la fin de cet alinéa (depuis : « Elle a dans la tête » ), et les deux paragraphes suivants, on lit : « Mme de C***. » Le nom est en entier dans notre copie. — Gaucher II de Brancas, seigneur d’Oise, qui testa en 1546 et était chef de la maison française de Brancas (sortie des Brancacio de Naples), recueillit la succession de son cousin Gaucher de Forcalquier, baron de Céreste ; il en prit le nom et les armes et les transmit à son fils aîné ; son fils cadet fut seigneur d’Oise et de Villars, et auteur de la branche à laquelle appartenaient le duc de Villars, et le comte de Brancas, oncle de ce duc. — Le chef de la maison était alors Henri, fils d’Honoré de Brancas de Forcalquier, baron de Céreste, etc., et de Marie Adhémar de Monteil, tante du comte de Grignan ; il venait au mois de janvier 1674 de faire ériger en marquisat sa baronnie de Céreste. Il avait épousé le 28 avril 1671 Dorothée de Cheilus de Saint-Jean, fille de Spirit de Cheilus, seigneur de Saint-Jean, etc., et de Jeanne du Chastellier. C’est sans doute de sa femme que parle Mme de Sévigné : elle vivait encore en 1733 ; son fils aîné, ami de Saint-Simon, fut le successeur du marquis de Simiane en Provence (1718), et fut fait maréchal en 1741.
  4. 10. Voyez sur cette plaisanterie la lettre du 12 août, et celles du 4 et du 14 septembre suivants. — Pour et si, voyez tome I, p. 420, note 8.