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ma bonne, soyez bien persuadée que je suis à vous, et que je pense à vous sans cesse. Je ne sais si c’est le cardinal de Retz qui m’a priée d’avoir soin de vos affaires ; mais je languis quand je ne fais rien pour vos intérêts : sa recommandation fait en moi plus que sa bénédiction. Je vous vois à Grignan, et vous suis pas à pas. Cette peinture vous embarrasse bien : quelle senteur ! et quel plaisir de rendre ce château inhabitable ! Votre terrasse n’est-elle point raccommodée ? voilà ce qui me paroît préférable à tout : c’est votre seule promenade. Mandez-moi toujours extrêmement de vos nouvelles : rien n’est petit, rien n’est indifférent. J’en espère demain matin, je verrai votre Rouillé[1] dès qu’elle sera arrivée. J’ai dîné avec la Garde. Il s’en va vous voir ; j’en suis ravie[2].


1675

421. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME ET À MONSIEUR DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 31e juillet.

Ce que vous dites du temps est divin, ma chère fille : il est vrai que l’on ne voit personne demeurer au milieu d’un mois, parce qu’on ne sauroit venir à bout de le passer : ce sont des bourbiers d’où l’on sort ; mais le bourbier nous arrête[3], et le temps va. Je suis fort aise que vous soyez paisiblement à Grignan jusques au mois


  1. 16. La femme de l’intendant de Provence.
  2. 17. Ici se trouve dans l’édition de Rouen (1726) la première phrase de l’avant-dernier alinéa de la lettre du 26 juin, et, à la suite de cette phrase, le premier paragraphe de la partie de cette même lettre qui est intitulée : Réponse au 19 juin. Voyez ci-dessus, p. 497 et 498.
  3. Lettre 421. — 1. « Ce sont des bourbiers d’où l’on sort ; encore le bourbier nous arrête. » (Édition de 1754.)