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1672


toutes vos petites lettres ; il y a toujours la marque de l’ouvrière, qui ne peut jamais ne me pas plaire. Ce prêtre de M. de Roque Martine[1] est bien content de moi ; il a eu une audience à souhait de M. le Camus. Vous verrez par la lettre de M. de Pompone que l’affaire de Marseille prendra le tour que vous lui donnerez. Il est bien persuadé que je ne me soucie guère de vous. Je puis bien vous répondre que vous serez toujours contente de lui. Je le sais d’ailleurs que de ses lettres.

Je reçois des nouvelles de mon fils : j’ai le cœur affligé de la guerre, ils vont joindre l’armée du Roi. On croit que l’on va assiéger Maestricht ; cela est un peu moins épouvantable que le passage de l’Yssel. En vérité, on tremble en recevant des lettres ; et ce sera bien pis dans quinze jours. M. de la Rochefoucauld et moi nous nous consolons et nous affligeons ensemble. Il a trois ou quatre fils[2] où son cœur s’intéresse bien tendrement. Mme de Marans vint hier chez Mme de la Fayette. Elle nous parut d’une noirceur, comme quand on a fait un pacte avec le diable, et que le jour approche de se livrer : il y a bien quelque douleur profonde pour un guerrier[3] qui ne la regrette pas. Je ne finirois pas de vous dire les amitiés de M. de la Rochefoucauld, combien il aime à parler de vous, à me faire lire quelquefois des endroits de

    mement pour venir à bout de quelque chose qu’il y va de cul et de tête comme une corneille qui abat des noix. » (Dictionnaire de l’Académie de 1694.)

  1. 4. De quelque famille parlementaire de Provence. La plus jeune des filles d’Henri de Brancas, baron de Villeneuve (mort en 1716), épousa Pierre de Bunaud de Lubières, seigneur de Roquemartine, d’Aureuil et du Breuil, conseiller au parlement de Provence.
  2. 5. Voyez les lettres du 20 et du 24 juin suivant.
  3. 6. Monsieur le Duc, depuis Monsieur le Prince. (Note de Perrin.) — Elle en avait un enfant : voyez la note 4 de la lettre 151, mais aussi les lettres des 2 juin, 6 juin et 8 juillet 1672.