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1672

Je vis hier Mme de Verneuil, qui est revenue de Verneuil[1] et de la mort : le lait l’a rétablie, elle est belle ; elle est de belle taille, il n’y a plus de dispute entre son corps de jupe et le mien ; elle n’est plus rouge, ni crevée, comme elle étoit. Cet état la rend aimable ; elle aime, elle oblige, elle loue, elle me chargea de mille douceurs pour vous.

Le matin d’hier on fit un service au chancelier à Sainte-Élisabeth[2]. Je n’y fus point, parce qu’on oublia de m’apporter mon billet : tout le reste de la terre habitable y étoit. Mme Fieubet[3] entendit ceci : la Choiseul[4] passa

  1. 2. Terre et château sur les bords de l’Oise, à douze lieues et demie de Paris, dans l’élection de Senlis. Érigé par Henri IV en marquisat pour sa maîtresse Henriette de Balsac d’Entragues, et en duché-pairie par Louis XIV, Verneuil, après la mort du duc, passa dans la maison de Condé.
  2. 3. « Le 31 (mars) la chancelière de France fit faire un service très-solennel pour le chancelier son époux, en l’église des religieuses du monastère royal de Sainte-Élisabeth, du tiers ordre de Saint-François. Les religieux du couvent de Nazareth (fondé par le chancelier en 1630) assistèrent au service au nombre de cinquante ; puis le gardien, confesseur du défunt, porta le cœur en cérémonie en leur église (où étaient les tombeaux de la famille et où un nouveau service fut célébré le lendemain). » Gazette du 2 avril 1672. — Les filles de Sainte-Élisabeth avaient été établies par la reine Marie de Médicis, qui posa la première pierre de leur maison et de leur église, achevées en 1630 ; elles reconnaissaient sans doute le chancelier pour un de leurs fondateurs ; c’est chez elles, en 1682, que se retira sa fille la duchesse de Verneuil (voyez tome II, p. 52, note 1). — Voyez la lettre du 6 mai 1672.
  3. 4. Sans doute la femme et cousine germaine du chancelier de la Reine, Gaspard de Fieubet : Marie Ardier, fille de Paul, seigneur de Beauregard, président à la chambre des comptes, morte sans enfants en janvier 1686. Voyez sur son mari la lettre du 31 mai 1675. — Dans le manuscrit il y a Froubet, au lieu de Fieubet.
  4. 5. Probablement Catherine-Alphonsine de Renti, femme, depuis mai 1658, de Claude comte de Choiseul, de la branche de Francières, maréchal de camp en 1669, maréchal de France en 1693. Elle