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embrasse, et la Mousse vous honore ; ils prétendent bien voir votre Provence. Pour moi, je ne demande qu’à vous voir ; et quoi encore ? à vous voir, et toujours à vous voir. Valcroissant[1] a mandé ici qu’il avoit eu cet honneur à Marseille, et que vous y étiez beaucoup plus belle qu’un ange : gardez-moi bien toute cette beauté. Votre fille est aimable, je crois que je vous la mènerai ; mais j’observerai tout ce qui sera nécessaire pour ne la point hasarder : on ne me fera jamais croire qu’on n’aime point sa fille, quand elle est jolie.

Je ne sais point de nouvelles, ma bonne ; mes lettres sont bien ennuyeuses auprès des vôtres. Je ne pouvois jamais mieux faire que d’envoyer à M. de Pompone ce que vous m’écrivez de si bon sens sur l’affaire de Marseille. Votre président de Bouc[2] me voit quelquefois ; mais je ne crois pas que ce soit lui qui ait inventé la poudre à canon et l’imprimerie. Je ne sais quand vous aurez un premier président ; hors les Provençaux, on trouve peu de gens qui desirent cette place.

Si nous avions tenu nos premières résolutions contre la Provence, le pauvre Grignan n’auroit pas une si aimable femme[3]. Je le prie de ne pas douter de mon amitié et de me continuer la sienne. Vous ne voudriez pas me dire un mot sur son justaucorps ? au moins je saurai si vous le trouvez beau.

Mme de Coetquen a eu la rougeole ; Mme de Sully s’en va à Sully avec son brave époux[4] ; Mme de Rosny Verneuil[5]

  1. 8. Voyez la note 6 de la lettre 109.
  2. 9. Voyez tome II, p. 504, note 1.
  3. 10. Voyez la Notice, p. 102 et suivante ; et tome II, p. 314.
  4. 11. Voyez la lettre 270, p. 46.
  5. 12. Mme de Verneuil était-elle à Rosny chez elle ou chez son fils le duc de Sully ? Elle pouvait avoir gardé de son premier mari le marquisat ou le château. Mais c’est d’elle certainement que parle Mme de Sévigné. — Rosny est à deux lieues ouest de Mantes.