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en parlera ; il lut cet endroit en perfection. Il me semble que

Je n’ai plus rien à dire ;
Qu’on me mène aux Rochers, je ne veux plus écrire ;
Allons, l’abbé, c’est fait[1].


Je vais partir, belle Comtesse[2] :

             Je vais partir, belle Hermione,
Je vais exécuter ce que l’abbé m’ordonne,
            Malgré le péril qui m’attend[3].


C’est pour dire une folie, car notre province est plus calme que la Saône.

On fait présentement le service en grande pompe de M. de Turenne à Notre-Dame[4] ; le cardinal de Bouillon et Mme d’Elbeuf vinrent hier me le proposer ; mais je me

  1. Parodie de ces vers de Corneille dans Polyeucte (acte IV, scène iv) :

          Qu’on me mène à la mort, je n’ai plus rien à dire ;
          Allons, gardes, c’est fait.

  2. « Je vais partir, belle Comtesse, » est le texte de 1734 ; en 1754, Perrin y a substitué : « Adieu donc, ma très-chère Comtesse. » L’édition de 1818 donnait, à la suite l’une de l’autre, ces deux variantes.
  3. Parodie de l’adieu de Cadmus. (Note de Perrin.) Voyez Cadmus et Hermione, tragédie de Quinault, acte II, scène IV. — « Mme de Sévigné a pu assister à la représentation de cet opéra, dont la musique était de Lulli. Il fut joué sur le théâtre du Bel-Air (voyez tome III, p. 60, note 12) en 1672, et le 17 avril 1673 sur le théâtre du Palais-Royal, après la mort de Molière. » (Walckenaer, tome V, p. 257, note 1.) — Les vers de Quinault ne différent de la citation que par un seul mot l’abbé au lieu de l’amour.
  4. Perrin, dans sa seconde édition, a ainsi corrigé la construction de cette phrase : « On fait présentement à Notre-Dame le service de M. de Turenne en grande pompe. » — Un numéro extraordinaire de la Gazette, du Ier octobre 1675, contient (p. 717 et suivantes) une longue description de ce service solennel, célébré à Notre-Dame par ordre du Roi.