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1675queville ; il vaut autant bien tué comme mal tué : tout d’un coup, après avoir voulu le ménager, je retombe sur lui, et lui fais plus de mal que tous les autres ; faites comme moi : c’est un ami inépuisable. Puisque vous ne me plaignez pas quand je suis tout entourée de troupes, et que vous croyez que la confiance que j’ai n’est pas fondée sur ma sûreté, vous aurez pitié de moi en apprenant que nous avons à Rennes deux mille cinq cents hommes de moins : cela est bien cruel, après en avoir eu cinq mille. Vraiment, il y a des endroits dans vos lettres qui ressemblent à des éclairs.

Le bon cardinal, comme vous savez, est à Commerci depuis son bref ; je crois qu’il y sera dans la même retraite ; mais il me semble que vêpres sont bien loin de son château. Je croirois assez qu’il aimoit autant prendre médecine à Saint-Mihel que de ne la prendre pas ; il n’étoit pas si docile à Paris. Pour vous, ma petite, vous n’êtes point changée à l’égard de vêpres[1] ; vous les trouvez plus noires que jamais. Vous souvient-il des folies de mon fils ?

Vous êtes toujours bien méchante quand vous parlez de Mme de la Fayette[2] ; je lui ferai quelques légères amitiés de votre part. Elle m’écrit souvent de sa propre main ; mais à la vérité ce sont des billets ; car elle a un mal de côté que vous lui avez vu autrefois qui est très-dangereux[3]. Il est au point qu’elle ne sort point du tout de sa chambre, et n’a pas été un seul jour à Saint-Maur[4] :

  1. Dans l’impression de 1734 : « des vêpres. » Les éditions de Perrin donnent seules ce passage, à partir de : « Puisque vous ne me plaignez pas, » jusqu’à : « s’il avoit pu vous aller voir, il y auroit été. »
  2. Voyez la Notice, p. 136.
  3. Voyez la lettre du 3 juin 1693, à Mme de Guitaut.
  4. Voyez tome III, p. 209, note 2.