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1675voyez s’il faut être languissante. M. de la Rochefoucauld a la goutte ; si malgré le lait, la goutte prend cette liberté tous les ans, ce sera une grande misère. Mme de Coulanges vient à Paris ; elle a gardé assez longtemps sa très-extravagante mère. M. de Coulanges vous est trop obligé de vos reproches ; s’il avoit pu vous aller voir, il y auroit été. Il a vu la belle Rochebonne dans le plus triste château de France[1] ; elle me fait pitié : n’ira-t-elle point à Lyon ? Mme de Verneuil y étoit à la Toussaint ; il y avoit chez elle Mme de Coulanges, le cardinal de Bonzi et Briole[2] : n’étoit-ce pas Paris ? Ce Briole doit à sa bonne mine le plus grand parti du pays : voilà comme on est heureux ; et nous autres, tout nous échappe.

Je suis ravie que vous aimiez Josèphe, et Hérode, et Aristobule ; continuez, je vous prie ; voyez le siège de Jérusalem et de Jotapat. Prenez courage : tout est beau, tout est grand ; cette lecture est magnifique et digne de vous ; ne la quittez point sans rime ni sans raison. Pour moi, je suis dans l’Histoire de France ; les croisades m’y ont jetée ; elles ne sont pas comparables à la dernière des feuilles de Josèphe. Ah que l’on pleure bien Aristobule et Mariamne[3] ! Ma chère bonne, hélas ! pourquoi me

  1. Le château de Thézé, à quatre lieues de Lyon. Coulanges a peint dans ce couplet (tome I, p. 116) la vie triste et monotone qu’y menait Mme de Rochebonne (Thérèse) :
    Je songe à tous moments à l’aimable Thérèse
    Elle est sur son rocher, plus haut qu’une falaise,
    Dans la belle saison comme dans la mauvaise.
    (Note de l’édition de 1818.)

    La belle Rochebonne est la leçon de 1726. Dans l’édition de 1754 on lit : « la pauvre Rochebonne ; » dans celle de 1734 : « Mme de Rochebonne, » sans épithète.

  2. Voyez tome II, p. 517, note 6, et tome III, p. 207, note 13
  3. La mort d’Aristobule et de Mariamne est racontée dans l’Hist-