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1675rée qu’elle vous plaît ; mais comme les pensées noires voltigent assez dans ces bois ici, j’ai voulu être en peine de vous ; mais le bon abbé m’assure[1] que vous m’auriez fait écrire ; je ne veux point demeurer sur cette crainte : elle est trop insupportable ; je veux me prendre à la poste de tout, quoique je ne comprenne rien à l’excès de ce déréglement, et espérer demain de vos nouvelles : je les souhaite avec l’impatience que vous pouvez vous imaginer.

D’Hacqueville est enrhumé avec la fièvre ; j’en suis en peine ; car je n’aime la fièvre à rien : on dit qu’elle consume[2], mais c’est la vie. Quoiqu’on dise les d’Hacquevilles, il n’y en a en vérité qu’un au monde comme le nôtre. N’a-t-il point déjà commencé de vous parler d’un voyage incertain que le Roi doit faire en Champagne ou en Picardie ? Depuis que ses gens, pour notre malheur, ont commencé à mettre au jour[3] une nouvelle de cet agrément, c’est pour trois mois ; il faut voir aussi ce que je fais de cette feuille volante qui s’appelle les nouvelles[4]. Pour sa lettre elle est tellement pleine de mon fils, et de ma fille, et de notre pauvre Bretagne, qu’il faudroit être dénaturée pour ne se pas crever les yeux à la déchiffrer[5]. M. de Lavardin est mon résident aux états ; il m’instruit

  1. LETTRE 475 (revue en partie sur une ancienne copie). — Tel est le texte de l’édition de la Haye (1726). Celle de Rouen porte : « mais le bon abbé m’assurant. je ne veux point, etc. » Dans celle de 1754, la seule de Perrin qui donne cette lettre, on lit : « mais le bon abbé et mon fils m’assurent. je ne veux point, etc. »
  2. Dans l’édition de Rouen : « qu’elle consomme. »
  3. C’est le texte de l’impression de la Haye (1726) ; dans celle de Rouen, de la même année, il y a simplement : « mettre une nouvelle ; » dans l’édition de Perrin (1754) : « Depuis que pour notre malheur une nouvelle de cet agrément est répandue, etc. »
  4. Voyez les lettres des 16 et 23 octobre précédents, p. 183 et 198.
  5. L’écriture de M. d’Hacqueville étoit de la plus grande difficulté. (Note de Perrin.)