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1676tout cela est-il vrai ? Je vous embrasse, ma chère enfant ; je ne vous écrirai pas davantage aujourd’hui, ce n’est pas le jour de la grande dépêche : la poste est haïssable ; les lettres sont à Paris, et on ne veut les distribuer que demain : ainsi on fait réponse à deux à la fois. J’oubliois de vous dire, tant je me porte bien, qu’après avoir été saignée, j’ai pris de la poudre du bonhomme[1], dont je suis très-contente ; de sorte que me voilà toute prête à partir.



* 535. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, dimanche au soir, 10e mai.

Je pars demain à la pointe du jour, et je donne ce soir à souper à Mme de Coulanges, son mari, Mme de la Troche, M. de la Trousse, Mlle de Montgeron[2] et Corbinelli, afin de me dire adieu[3] en mangeant une tourte de pigeons. La d’Escars vient avec moi ; et comme le bien Bon a vu qu’il pouvoit mettre ma santé entre ses mains, il a pris le parti d’épargner la fatigue de ce voyage, et de m’attendre ici, où il a mille affaires, et où il m’attendra avec impatience ; car je vous assure que cette séparation, quoique petite, lui coûte beaucoup, et je crains pour sa santé : les serrements de cœur ne sont pas bons quand on est vieux. Je ferai mon devoir pour le retour, puisque c’est la seule occasion dans ma vie où je puisse lui témoigner mon amitié, en lui sacrifiant la pen-

  1. De l’Orme.
  2. LETTRE 535. — Voyez la lettre du 26 août suivant.
  3. C’est la leçon de 1734. L’édition de 1754 donne : « qui viendront me dire adieu, » et à la ligne suivante : « la bonne d’Escars, » au lieu de : « la d’Escars. »