Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/555

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 549 —


1676agréable, et l’on souhaite fort que cela continue. Mme de Nevers est fort jolie, fort modeste, fort naïve : sa beauté fait souvenir de vous. M. de Nevers est toujours le plus plaisant robin[1] ; sa femme l’aime de passion. Mlle de Thianges est plus régulièrement belle que sa sœur[2]. M. du Maine est incomparable ; l’esprit qu’il a est étonnant ; les choses qu’il dit ne se peuvent imaginer. Mme de Maintenon, Mme de Thianges, Guelfes et Gibelins, songez que tout est rassemblé. Madame me fit mille honnêtetés à cause de la bonne princesse de Tarente. Mme de Monaco étoit à Paris.

Monsieur le Prince fut voir l’autre jour Mme de la Fayette : ce prince alla cui spada ogni vittoria è certa[3]. Le moyen de n’être pas flattée d’une telle estime, et d’autant plus qu’il ne la jette pas à la tête des dames ? Il parle de la guerre, il attend des nouvelles comme les autres. On tremble un peu de celles d’Allemagne. On dit pourtant que le Rhin est tellement enflé des neiges qui fondent des montagnes, que les ennemis sont plus embarrassés que nous. Rambures[4] a été tué par un de ses

  1. Tel est le texte des diverses éditions antérieures à Perrin, qui, dans les impressions de 1734 et de 1754, donne simplement : « M. de Nevers est toujours le même. »
  2. Après les mots sa sœur, Perrin a ajouté, dans sa seconde édition seulement : « et beaucoup moins charmante. »
  3. À l’épée duquel toute victoire est assurée. — On lit dans la Jérusalem délivrée (chant II, stance lxix)


    Questa famosa spada
    Al cui valore ogni vittoria è certa.


    Mme de Sévigné cite de nouveau ces vers, et cette fois plus exactement, à la fin de la lettre du 17 janvier 1680 : là encore ils sont appliqués à Condé.

  4. Louis-Alexandre, marquis de Rambures, colonel d’infanterie, fils de celui dont il est question au tome II, p. 218, note 5. Il n’a-