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1676c’est un peu tard. Conservez-moi dans les bonnes grâces de M. de la Garde, et toujours des amitiés pour moi à M. de Grignan. La justesse de nos pensées sur votre départ renouvelle notre amitié.

Vous trouvez que ma plume est toujours taillée pour dire des merveilles du grand maître[1] : je ne le nie pas absolument ; mais je croyois m’être moquée de lui, en vous disant l’envie qu’il a de parvenir, et qu’il veut être maréchal de France à la rigueur, comme du temps passé ; mais c’est que vous m’en voulez sur ce sujet : le monde est bien injuste.

Il l’a bien été aussi pour la Brinvilliers : jamais tant de crimes n’ont été traités si doucement, elle n’a pas eu la question. On lui faisoit entrevoir une grâce[2], et si bien entrevoir, qu’elle ne croyoit point mourir, et dit en montant sur l’échafaud : « C’est donc tout de bon ? » Enfin elle est au vent, et son confesseur dit que c’est une sainte. Monsieur le premier président[3] lui avoit choisi ce docteur[4] comme une merveille : c’étoit celui qu’on vouloit



    M. de la Garde, qui ne se fit point. (Note de Perrin.) — Voyez ci-dessus la lettre des 11 et 12 juin, p. 487.

  1. Voyez la Notice, p. 59 et 60.
  2. C’est le texte de toutes les éditions antérieures à Perrin, et de la première de Perrin (1734) ; dans sa seconde (1754), la phrase commence ainsi : « On avoit si peur qu’elle ne parlât, qu’on lui faisoit entrevoir une grâce, etc. » — Six lignes plus bas, Perrin, dans sa seconde édition, a éclairci le texte par une autre addition : « il fut trompé par les intéressés, c’étoit celui qu’on vouloit qu’il prît. »
  3. De Lamoignon.
  4. M. Pirot, docteur en Sorbonne. (Note de Perrin.) Voyez plus haut, p. 528, note 1. — Edme Pirot, né à Auxerre le 12 août 1631, professeur de théologie à la Sorbonne, fut plus tard chancelier de l’église de Paris et grand vicaire du cardinal de Noailles. Il avait fait Sur l’autorité du concile de Trente en France un mémoire auquel Leibnitz répondit ; Bossuet répliqua à Leibnitz. Pirot avait aussi écrit une Relation (demeurée manuscrite) des vingt-quatre dernières