Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/110

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se mettront en mouvement pour aller au-devant de vous.

Je vous écrirai vendredi. Je vous fais mille amitiés de Mme de la Fayette, qui m’en a chargée par-dessus la tête, et M. de la Rochefoucauld aussi. Je n’ai encore vu personne : vous savez comme j’aime à ramasser des rogatons pour vous divertir. Ce que je ne puis vous mander, c’est en vérité l’excès de l’amitié que j’ai pour vous.


589. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN[1].

À Paris, vendredi 16e octobre.

En vérité, ma fille, je n’ai jamais vu de si sots enfants que les miens : ils sont cause que je ne puis retourner à Livry, comme j’en avois le dessein. Je vois bien que cela vous fait rire, et que vous n’avez pas grande envie de me plaindre d’être obligée de faire faux bond à Livry le 15e d’octobre. D’Hacqueville, Corbinelli, M. et Mme de Coulanges, vous aideront fort à approuver que je ne les quitte pas. Cependant il est vrai que sans vous et mon fils, j’aurois continué ma solitude avec plaisir : j’étois plus à moi en un jour que je n’y suis en quinze ; je priois Dieu, je lisois beaucoup ; je parlois de l’autre vie, et des moyens d’y parvenir. Le père prieur a plus d’esprit que je ne pensois, quoique je le trouvasse déjà un fort honnête homme. Enfin me revoilà dans le tourbillon.

Mme de Mirepoix[2] m’a fait dire par Bontems qu’elle

  1. Lettre 589 (revue sur une ancienne copie). — 1. Notre manuscrit date cette lettre du 30e octobre, et répète encore cette date à la sixième ligne du premier alinéa.
  2. 2. Cet alinéa ne se trouve que dans notre manuscrit, ainsi que le