Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/119

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1676 la dépense que font ces dames, sans avoir le premier sou, hormis celles à qui le Roi les donne[1].

Je vous vois une bergère sans berger dans vos prairies, bien solitaire et bien éloignée de l’agitation de celles-là : votre âme est bien tranquille, et vos esprits sont bien paisibles au prix[2] de ce bon pays ; mais que peut faire une bergère sans un berger ? Vous répondrez fort bien à cette question par votre exemple. Mme de Coulanges a des retours de fièvre dont elle est fort chagrine ; cela est ordinaire aux retours des grandes maladies[3]. Langlade est revenu de Fresnes, où il a été plus mal que Mme de Coulanges. Je l’ai vu : il est divinement bien logé à ce faubourg[4] Mme de la Fayette est revenue de Saint-Maur : elle a eu trois accès marqués de fièvre quarte ; elle dit qu’elle est ravie, et qu’au moins sa maladie aura un nom.

À cinq heures du soir.

Savez-vous bien où je suis ? Je vous défie de le deviner. Je suis venue dîner, par le plus beau temps du monde, à nos sœurs de Sainte-Marie du faubourg : vous croyez que je m’en vais dire, Saint-Jacques ; point du tout : c’est du faubourg Saint-Germain[5]. On vient de m’y apporter votre lettre du 14e. Je suis dans la plus belle maison de Paris, dans la chambre de {{Mlle Ray-

  1. 14. Cette fin de phrase : « hormis celles, etc., » manque dans l’édition de 1734.
  2. 15. Dans l’édition de 1754 « en comparaison. » du mouvement
  3. 16. « À la suite des grandes maladies. » (Édition de 1754.)
  4. 17. Sans doute le faubourg Saint-Germain.
  5. 18. Une maison de dames de la Visitation, établie en 1660 dans la rue Montorgueil, avait été transférée en 1673 dans le faubourg Saint-Germain, rue du Bac, où ce couvent était encore au moment de la Révolution. Voyez l’Histoire de Paris par Félibien tome II, p. 1313. (Note de l’édition de 1818.)