Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/169

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1677 que notre veuve[1] y fût : je l’aime fort ; elle a bien de l’esprit et du bon sens ; elle a une douceur et une modestie qui me charme ; elle ne se presse jamais de faire voir qu’elle a plus d’esprit que les autres ; elle sait bien des choses dont elle ne se fait point de fête[2] ; elle a un bon air dans sa personne et dans tout ce qu’elle dit : enfin je la trouve digne de toute l’estime que nous avons pour elle.

Je ne suivrai que trop vos conseils dans la noble confiance que vous trouvez qu’il faut avoir pour son salut : je crains même que vous ne m’appreniez cette prière fervente que vous faites les matins, et qui vous donne sujet de ne plus penser à Dieu tout le reste de la journée ; car, il faut dire le vrai, cela est fort commode ; mais aussi c’est bien tout ce que nous pourrons faire que d’aller par ce chemin-là jusqu’en paradis ; assurément nous n’irons pas plus haut. C’est l’avis de la Provençale.

Au reste, je vous recommande mon panégyrique au bas de mon portrait ; vous m’aviez donné un mérite que je n’avois point à votre égard. C’est là qu’il est dangereux de passer le but : qui passe perd, et les louanges sont des satires, quand elles peuvent être soupçonnées de n’être pas sincères. Toutes les choses du monde sont à facettes, mon cousin : laissons donc ce que vous avez dit de moi pour le pauvre M. Foucquet et pour d’autres encore, quand ils feront des galeries où sera mon portrait[3].

  1. 4. Mme de Coligny.
  2. 5. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « dont elle ne fait point la savante. »
  3. 6. Mme de Sévigné avait déjà adressé ce reproche au comte de Bussy dans la lettre du 7 janvier 1669 (tome I, p. 538). Cela fait penser que Bussy a omis une partie de la lettre du 8 décembre 1668 (tome I, p, 532-535), en la copiant sur son registre, et que nous ne l’avons pas dans son intégrité, car les trois inscriptions qu’elle contient n’offrent pas le passage dont il est question dans cette lettre et dans celle qui vient d’être indiquée. (Note de l’édition de 1818.)