Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/215

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1677 Je suis toujours très-contente de la Garde ; il est aisé de l’aimer ; il est estimable par mille raisons ; ses soins me persuadent qu’il croit que vous m’aimez, et je suis flattée de l’approbation qu’il donne à votre goût. Il ne songe qu’à s’en aller ; je serai ravie que vous l’ayez, et le bel abbé ; vous tiendrez avec eux votre conseil de famille ; pour moi, je crois que j’irai demain à Livry. Notre petite affaire est à demi finie ; au lieu que ce devrait[1] être de l’argent pour vivre, c’est de l’argent pour avoir vécu. La Garde vous mandera l’agrément de la fête de Sceaux[2] Il y a deux petites de Lillebonne qui sont jolies[3] : leur mère[4] dit hier à Mme de Coulanges qu’elle les lui amèneroit, pour avoir son approbation, avant que d’aller à Versailles. Oh, que je fais de poudre ! Une mère encore

  1. 15. « Au lieu que ce devoit. » (Édition de 1754.)
  2. 16. Sceaux était alors à Colbert, qui y reçut deux fois Louis XIV.
  3. 17. Béatrix-Hiéronyme, née le 1er juillet 1662, abbesse de Remiremont en 1711 ; Élisabeth, née le 5 avril 1664, mariée le 8 octobre 1691 à Louis de Melun, prince d’Épinoy.
  4. 18. Anne, née le 23 août 1639, fille du duc de Lorraine Charles IV et de Béatrix de Cusance, princesse de Cantecroix ; seconde femme, en octobre 1660, de François-Marie de Lorraine, comte de Lillebonne, qu’elle perdit en janvier 1694. Son mari, né en 1627, dernier fils de Charles II duc d’Elbeuf et de Catherine-Henriette, légitimée de France, était frère de ce comte d’Harcourt qui avait épousé Anne d’Ornano, tante du comte de Grignan. « La comtesse de Lillebonne, qui avoit pris depuis plusieurs années le nom de princesse de Lillebonne, mourut à quatre-vingt-deux ans (le 19 février 1720)… Avec beaucoup de vertu, de dignité, de toute bienséance, et non moins d’esprit et de manége, elle ne céda à aucun des Guise en cette ambition et cet esprit qui leur a été si terriblement propre, et eût été admise utilement pour eux aux plus profonds conseils de la Ligue. Aussi Mlle de Guise, le chevalier de Lorraine et elle n’avoient-ils été qu’un ; aussi donna-t-elle ce même esprit à Mme de Remiremont, sa fille aînée, et Mme d’Espinoy sa cadette y tourna, et y mit tout ce qu’elle en avoit. Cette perte fut infiniment sensible à ses deux filles, à Vaudemont, son frère de même amour, encore plus dangereusement guisard, si faire se pouvoit. Aussi logeoient-its tous en-