Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 je ne dérangerai rien à vos résolutions[1] en sorte qu’après avoir passé encore huit jours à Livry, et donné quelques jours à Paris pour attraper le 16e, je prends le chemin d’Époisse. C’est nous qui faisons marier les filles à la robe : sans notre malheur, Messieurs de la robe ne se marieroient point ; on nous a déjà répondu en deux occasions qu’on ne vouloit point de nous, parce que nous étions dans l’épée : il faudra suivre votre conseil et au lieu de quitter la robe pour l’épée[2], il faudra quitter l’épée pour la robe. Mon fils est bien embarrassé : il ne peut s’appuyer sur ce talon. Mais la longueur de cette blessure, qui se joint à la parfaite santé de toutes les autres parties de son corps, et à l’usage qu’il en fait, rendent[3] son séjour équivoque à ceux qui ne sont au monde que pour parler. On a toute la raison de son côté, et cependant on est à plaindre. Je trouve la réputation des hommes bien plus délicate et blonde que celle des femmes. Les apologies continuelles ne font pas un grand profit : de sorte que sans pouvoir monter à cheval, on veut que mon fils soit à l’armée. Je crie toujours qu’on fasse voir son talon à M. Félix[4]. M. Félix n’a pas le loisir, et le temps passe.

    rison. Plût à Dieu, que ce même raisonnement pût servir pour moi comme pour vous ! je n’irois pas à Vichy ; mais je ne trouve pas que vous vouliez m’en dispenser. » (Édition de 1754.)

  1. 9. Tout ce qui suit, jusqu’à : « Je n’ai rien à dire de Pauline, » p. 239, a été omis dans le texte de 1734.
  2. 10. Allusion au premier vers du Menteur de Corneille :

    À la fin j’ai quitté la robe pour l’épée.

  3. 11. Rendent est au pluriel dans l’édition de 1754, la seule qui ait ce passage ; c’est un accord logique plutôt que grammatical (la longueur… et la santé… et l’usage… rendent)
  4. 12. Charles-François Félix de Tassy, qui en 1676 succéda à son père, dans la charge de premier chirurgien du Roi.