Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/257

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1677 « la force sans prudence se ruine d’elle-même ; » et voici ce qui me vient sur le Roi :

Vim temperatam Di quoque provehunt
inIn majus
[1],

« les Dieux donnent toujours de nouvelles victoires aux armées bien commandées[2]. Voilà ce que nous disions cet hiver au coin du feu de Mme  de Sévigné, et nous regrettions ensemble qu’il manquât un digne[3] historien à ce héros, dont la gloire ne durera peut-être qu’une vingtaine de siècles faute de cela ; et qu’est-ce que deux mille ans, au prix de l’éternité que ses actions méritent ?

Je sens le plaisir que je vous fais, Monsieur, de copier ici tout ce que je vous ai ouï dire de si bon cœur, et de vous faire voir comme tout ce qui vient de vous, principalement sur ce chapitre, me demeure dans l’esprit. Parlons de la fidélité[4] ; mais non, ce sera pour une autre fois. Adieu, Monsieur : croyez, s’il vous plait que personne n’est plus à vous que moi ;

Et à vous aussi, ma très-aimable Madame, dont l’esprit me plaît au dernier point, et la douceur plus que je

  1. 19. Même ode, vers 66 et 67.
  2. 20.Corbinelli ne traduit pas ; il écrit la pensée que la sentence latine lui suggère. Il a employé ce mode dans son Tite Live réduit en maximes. (Note de l’édition de 1818.) — La traduction littérale est : « Les Dieux eux-mêmes font avancer et croître la force tempérée (par la sagesse). »
  3. 21. Dans notre manuscrit, digne a été biffé, et après historien on lit dans l’interligne les mots comme vous, écrits d’une autre main que celle de Bussy.
  4. 22. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « Parlons de l’autre point, savoir la fidélité ; mais non, c’est pour une autre fois. Adieu, Monsieur, croyez, s’il vous plaît, que personne n’est plus à vous que moi, ni de meilleur cœur votre, etc. »