Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/261

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1677 santé : voilà comme je tire ma conséquence. Vous me priez d’aller à Grignan ; vous me parlez de vos melons, de vos figues, de vos muscats : ah ! j’en mangerois bien ; mais Dieu ne veut pas que je fasse cette année cet agréable voyage ; peut-être que j’irai quelque autre fois[1] ; vous ne ferez pas non plus celui de Vichy. Ma chère enfant, vous dites que votre amitié n’est pas trop visible en certains endroits : la mienne ne l’est pas trop aussi ; il faut nous faire crédit l’une à l’autre : je vois fort bien la vôtre, et j’en suis contente ; soyez de même pour moi ; ce sont de ces choses que l’on croit, parce qu’elles sont vraies, et de ces vérités qui s’établissent, parce qu’elles sont des vérités.

J’avois ouï parler confusément de cette lettre que vous a écrite M. de Montausier[2] ; je trouve, comme vous dites, son procédé digne de lui : vous savez comme je le trouve orné[3] de toutes sortes de vertus. On l’avoit trompé, et on avoit corrompu son langage ; on s’est redressé, et lui aussi ; il l’avoue : c’est une sincérité et une honnêteté de l’ancienne chevalerie. Voilà qui est donc fait, ma fille, vous êtes assurée d’avoir ces jeunes demoiselles[4]. Vous êtes une si grande quantité de bonnes têtes, qu’il ne faut pas douter que vous ne résolviez tout ce qu’il y aura de meilleur et de plus conforme[5] à vos intérêts ; peut-être que les miens s’y rencontreront ; j’en profiterai avec bien du plaisir.

  1. 11. Ce membre de phrase n’est que dans l’impression de 1734.
  2. 12. L’édition de 1754 porte : « de cette lettre de M. de Montausier. » Dans l’édition de 1734, il y a écrit, sans accord, au lieu de écrite.
  3. 13. « À quel point il me paroît orné. » (Édition de 1754.)
  4. 14. Mlles de Grignan étoient nièces de Mme la duchesse de Montausier. (Note de Perrin.).
  5. 15. « Que vous ne preniez le meilleur parti et le plus conforme, etc. » (Édition de 1754.)