Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/280

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1677 Vous me paroissez accablée de vos Madames de Montélimar. Eh mon Dieu, que ne suis-je là pour écumer votre chambre, et vous donner le temps de respirer ! Je vous vois succomber sous le faix ; que ne puis-je vous aider[1] ! Ce sont des nœuds mal assortis que ceux d’une telle société ; hélas ! qu’on vous laisse avec votre aimable famille : la voilà toute rassemblée. Plût à Dieu que le bon abbé pût être tenté d’y aller voir Monsieur l’Archevêque ! Qu’il lui en écrive à Vichy ; que sait-on ? Je ne lui dirai rien[2] car je connois l’opposition qu’il feroit à mes prières ; il faut aller tout à contre-pied de ce qu’on veut lui inspirer, et ce seroit le chemin, s’il y en avoit un.


Monsieur le Comte, vous ne sauriez avoir tant d’envie de me voir à Grignan, que j’en aurois de vous y embrasser. Au nom de Dieu, ne m’imputez point la barbarie que nous allons faire ; elle me fait mal et me presse le cœur ; croyez que je ne souhaite rien avec tant de passion ; mais je suis attachée au bon abbé, qui trouve tant de méchantes raisons pour ne pas faire ce voyage, que je n’espère pas de le voir changer.


J’ai dîné avec le coadjuteur. Il se plaint de la cruauté de l’abbé qui l’a laissé seul à Paris (le pauvre homme[3] !), sans amis, sans connaissances et sans maison, ne sachant où donner de la tête : nous avons mené assez follement cette plainte. J’ai vu Mme de Vins, qui vous aime assu-

  1. 3. Ces derniers mots « que ne puis-je, etc., » manquent dans le texte de 1754.
  2. 4. « Faites que ce prélat lui en écrive à Vichy ; que sait-on ? Pour moi, je ne lui dirai rien, etc. » (Édition de 1754)
  3. 5. Voyez tome II, p. 190, fin de la note 10.