Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/332

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Saulieu[1]. Enfin, ma fille, n’en parlons plus ; vous êtes peut-être un peu plus docile, voyant les impétuosités de ce sang ; et de mon côté je bois l’eau la plus salutaire pour moi, et par le plus beau temps, et dans le plus beau lieu, et avec la plus jolie compagnie que vous puissiez[2] souhaiter. Bon Dieu ! que ces eaux seroient admirables pour M. de Grignan ! Le bon abbé en prend pour purger tous ses bons dîners, et se précautionner pour dix ans. Adieu, mon ange : écrivez à Mme de Coulanges, je vous en prie. Je vous aime trop, et vous embrasse tendrement[3].



652. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Vichy, dimanche 19e septembre.

Il me semble, ma chère enfant, que je vous écrivis une sotte lettre la dernière fois. J’étois mal à mon aise, j’écrivois mal, je me plaignois de la douche : il n’en faut pas davantage pour vous donner de l’inquiétude. Je vous assure aujourd’hui, ma fille, que je me porte fort bien ; je me suis baignée à la Sénèque[4] ; j’ai sué fort gracieusement, et peut-être même que je prendrai encore une

  1. 10. Voyez la lettre du 29 août précédent, p. 301
  2. 11. « Qu’on puisse. » (Édition de 1754.)
  3. 12. Cette dernière phrase n’est pas dans le texte de 1754.
  4. Lettre 655. — 1. Est-ce une allusion à l’étuve où Sénèque se fit porter pour mourir et où il fut étouffé par la vapeur, ou bien à ces bains dont il parle assez longuement dans son épître LXXXVI (que Mme de Sévignê avait lue vraisemblablement dans la traduction de Malherbe, publiée en 1637 et souvent réimprimée), à ces bains qu’on chauffait à un tel point qu’il semblait « qu’on les voulût plutôt brûler que chauffer ? » Voyez le Malherbe de M. L. Lalanne, tome II, p. 170.