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661. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mardi 12e octobre.

Eh ! oui, ma fille,

Quand octobre prend sa fin,
La Toussaint est au matin.

Je l’avois déjà pensé plus de quatre fois, et je m’en allois vous apprendre cette nouvelle, si vous ne m’aviez prévenue. Voilà donc ce mois entamé et fini, j’en suis d’accord. Vous connoissez bien une dame qui n’aime point à changer un louis d’or, parce qu’elle trouve le même inconvénient pour la monnoie ; cette dame a plus de sacs de mille francs que nous n’avons de louis : suivons son exemple d’économie[1]. Je m’en vais un peu causer avec vous, quoique cette lettre ne parte pas aujourd’hui.

Nous déménageons, ma chère enfant, et parce que mes gens feront mieux que moi, je les laisse tous ici, et me dérobe à cet embarras. J’approuve tous vos desseins pour le petit : quand on croit le voir, il est impossible de ne pas s’abandonner à cette joie ; quand vos réflexions vous font changer, il faut entrer dans vos sentiments[2]. Monsieur de Marseille[3] m’est venu chercher dès le lendemain de mon arrivée. Mmes de Pompone et de Vins vinrent hier ici, toutes pleines d’amitié pour vous et pour moi. Mme de Vins me répondit des bonnes intentions de l’Évêque pour la paix ; il a, comme vous dites, un

  1. Lettre 661. — 1. Ce membre de phrase n’est pas dans le texte de 1734. À la phrase suivante, l’édition de 1754 a m’entretenir, au lieu de causer.
  2. 2. Cette phrase n’est que dans l’édition de 1734.
  3. 3. Ce passage, jusqu’à « M. de Guitaut, » manque dans l’édition de 1734.