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1677

669. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Bussy, ce 6e novembre 1677.

Je vous trouve de très-bon goût, Madame, de préférer tous les différents aurores de l’automne au vert du printemps ; mais je remarque un peu d’amour-propre dans ce jugement : c’est adroitement[1] dire que vous avez plus de mérite que la jeunesse ; et ma foi, vous avez raison ; car la jeunesse n’a que du vert, et nous autres, gens d’arrière-saison, nous sommes de cent mille couleurs, les unes plus belles que les autres.

Je connois l’hôtel de Carnavalet : c’est où logeoit M. de Lillebonne. Je voudrois bien, pour l’honneur de l’amour, qu’il fût allé loger au faubourg Saint-Germain, par la même raison que j’allai autrefois du Marais au quartier Saint-Honoré[2]

La réponse de Racine au Roi est bonne pour un courtisan, mais elle ne vaut rien pour un historien, et je craindrois bien pour la gloire de notre maître, qu’il ne nous donnât souvent dans son histoire de ces sortes d’exagérations qui ne plaisent jamais qu’aux intéressés,

  1. Lettre 669. — 1. « Indirectement. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Deux lignes plus loin, le même manuscrit porte : « car enfin la jeunesse n’a que du vert, et nous autres, gens d’arrière-saison, sommes, etc. »
  2. 2. « Que je fus autrefois du Marais au quartier Saint-Honoré. Mais pour revenir à l’hôtel de Carnavalet, c’est une belle maison : je souhaite de vous y voir muchos annos (en espagnol : beaucoup d’années) avec la belle Madelonne. La réponse de Racine, etc. » (Ibidem.) — Mme de Montglas, maîtresse de Bussy, habitait à la porte Saint-Honoré. Voyez dans la Correspondance de Bussy, tome II, p. 128, une lettre de Mme de Scudéry, du 26 juin 1672.