Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/394

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mande, et vous à elle. Il ne faut que le bonheur d’une si douce société pour adoucir toutes les peines.

Croiriez-vous bien que je ne sais point de nouvelles ? La prise de Fribourg[1] a comblé de joie et de gloire le maréchal de Créquy, et a contraint le gazetier de Hollande d’avouer bonnement qu’il n’y a pas le mot à dire sur la campagne du Roi : que trois grandes villes prises[2], une bataille gagnée[3], et Fribourg, pour dire adieu aux Allemands, est une suite de bonheur si extraordinaire qu’il n’y a qu’à l’admirer. Je trouve ce style fort plaisant. Adieu, mon cher cousin : aimons-nous toujours bien ; nous ne saurions mieux faire ; j’en dis autant à ma nièce.


1677

672. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Bussy, ce 13e décembre 1677.

Ce que vous me mandez de la belle Madelonne m’afflige[4] extrêmement, Madame, pour son intérêt et

  1. 3. Fribourg en Brisgau fut investi le 9 novembre, et fut évacué le 17, ainsi que le château, par la garnison. Le duc de Lorraine s’était porté au secours de cette place, mais il arriva trop tard. « Le maréchal de Créquy, écrit le comte de Limoges à Bussy, sous la date du 16 novembre, ne voulut recevoir le gouverneur Schits (dans la Gazette Schuls) a composition qu’il ne lui rendit aussi le château ; ce qu’il fit avec la plus grande bonté du monde, car on ne peut pas y être moins forcé qu’il y étoit. » — La Gazette, dans un numéro extraordinaire du 25 novembre, donne une Relation détaillée du siège et de la prise de la ville et de la citadelle de Fribourg.
  2. 4. Valenciennes (17 mars), Cambrai (17 avril) et Saint-Omer (19 avril).
  3. 5. La bataille de Cassel (11 avril).
  4. Lettre 672. — 1. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impé-