Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/407

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1677 sements[1] : vous savez combien je suis digne de ces sortes de choses-là, et combien mon cœur en est réjoui. Il a grand besoin de ces moments de plaisir, car je vous avoue que la mauvaise santé[2] de cette pauvre Provençale me comble de tristesse : sa poitrine est d’une délicatesse qui me fait trembler, et le froid l’avoit tellement pénétrée, qu’elle en perdit hier la voix plus de trois heures ; elle avoit une peine à respirer qui me faisoit mourir : avec cela elle est opiniâtre et refuse le seul remède qui la pourroit guérir, qui est le lait de vache. Je crois que la nécessité l’y contraindra à la fin ; cependant il est bien triste de la voir en l’état où elle est.

J’ai eu une grande joie de la compagnie que le Roi a donnée au marquis de Rabutin, et j’ai trouvé comme vous que c’étoit une distinction et un bon augure pour l’avenir. Vos lettres sont bonnes de toutes façons, parce

  1. 2. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, Bussy a copié, à la suite de la lettre de Mme de Sévigné, la lettre de Mme de Coligny et sa propre réponse en chansons sur plusieurs airs, et en tête de cette addition, il a écrit la note que voici : « Pour entendre ce que Mme de Sévigné me mandoit d’une plaisante lettre que ma fille de Coligny m’avoit écrite, il faut savoir qu’étant parti pour aller à Forléans faire quelques affaires, j’avois laissé à Bussy ma fille de Coligny, mon fils aîné et sa sœur de Chaseu, et qu’ils s’amusoient à lire Froissart, qui a écrit son histoire en vieux langage. Comme je fus plus longtemps à revenir que je ne leur avois dit en partant, ils se mirent dans la tête de m’écrire du style de Froissart, et ce fut la marquise de Coligny qui composa la lettre. » Voyez la lettre en vieux langage et la réponse en chansons, à l'Appendice du tome III de la Correspondance de Bussy, p. 477 et suivantes.
  2. 3. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « que la santé ; » quatre lignes plus loin : « et avoit une peine à respirer ; » trois lignes après : « en attendant, il est bien triste ; » à la quatrième ligne du paragraphe suivant : « parce que vous les faites extrêmement bien, et parce qu’elles obtiennent une partie de ce que vous demandez ; » à la fin de ce même paragraphe : « je crois comme vous qu’il n’y a qu’à vivre. »