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1678

683. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À CORBINELLI.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre (no 681, p. 412), j’y fis cette réponse.
À Bussy, ce 12e février 1678[1].

Je ne sais encore, Monsieur, ce que nous devons répondre aux panégyriques qu’on fait à nous-mêmes de nous ; car, outre que de dire : « Vous vous moquez, » seroit trop commun, je n’aimerois pas[2] à vous contredire, et surtout en cette rencontre. Ainsi je me contenterai de vous dire, comme à Mme de Sévigné, que je suis ravi de vous plaire.

Après cela, je vais répondre à l’endroit où vous me demandez mon sentiment sur le style historique. Je veux qu’il soit court et net, car sans cela il ennuie, quelque grands et quelque beaux[3] que soient les événements. J’ai lu Tacite : il me paroit serré, mais il est obscur, et, comme dit un de mes amis, il entend toujours finesse à tout. Je n’ai lu ni Tite Live ni Salluste : si leur style est partout pompeux et magnifique[4], je maintiens qu’il doit ennuyer. Pour répondre à ce que vous avez remarqué du récit du combat particulier que je fis contre cet officier d’infanterie, je vous dirai que s’il n’y avoit autre

  1. Lettre 683. — 1. Cette lettre est aussi datée du 14e dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale. — Cette date, ou celle de la lettre précédente, est évidemment fausse, dans l’un comme dans l’autre manuscrit, car ces deux lettres, d’après les trois dernières introductions de Bussy, ont dû être écrites à un jour d’intervalle.
  2. 2. « C’est que je n’aimerois pas. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  3. 3. Dans les deux manuscrits : « quelques grands et quelques beaux. »
  4. 4. « Est pompeux partout et magnifique. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Ce manuscrit donne, trois lignes plus bas : « que s’il n’y avoit eu autre chose. »