Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/444

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n’y pénètre point du tout. Si elle passoit l’été dans l’air de Livry, elle seroit rétablie ; mais je ne suis pas assez heureuse. Le bon abbé vous honore. On ne parle que de guerre ; j’en suis affligée.

Suscription : Pour Monsieur le Comte de Guitault, à Époisse.


1678

* 689. — DE MADAME DE GRIGNAN AU COMTE DE GRIGNAN[1].

À Livry, ce 20e [mai].

Je suis donc dans ce lieu qui vous fait tant faire de réflexions sur les beaux jours que vous y avez passés[2], et les jours de colique qui vous y ont fait souffrir tant de maux. En vérité, je ne voudrais pas que les derniers fussent à recommencer ; mais je voudrois fort la continuation des autres, et que par effet de magie nous pussions vous avoir ici tout l’été avec nous, pour respirer l’air le plus doux et le meilleur du monde. On parle de paix et de trêves[3] ; mais comme tout est encore incertain, et que quand elles seroient, je ne sais si vous aimeriez mieux venir ici que de passer votre été et l’automne à Grignan, je ne songe qu’à vous y aller trouver, et nous avons pris nos mesures avec la Garde pour y être à la fin de juin. Je serai trop aise, mon très-cher Comte, quand j’aurai le plaisir d’être

  1. Lettre 689 (revue sur l’autographe ; voyez au dernier volume l’indication des sources). — 1. La date de cette lettre est précisée par l’arrivée du Roi à Deinse (voyez la note 12), par le départ de Louvois (voyez la note 4)} par le traité que Louis XIV conclut avec l’Angleterre le 27 mai 1678 (voyez la note 9), et par la mort de Mme de Monaco, qui arriva le 5 juin de la même année.
  2. 2. Le comte de Grignan avait passé la première année de son mariage à Paris et à Livry. Voyez la Notice, p. 110.
  3. 3. La paix fut en effet signée à Nimègue le 10 août suivant.